Adrien Quatennens : en quoi consiste la procédure de « plaider-coupable » qui attend le député

(FILES) In this file photo taken on June 22, 2022 Member of Parliament of French leftist La France Insoumise (LFI) party and member of left-wing coalition NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale - New People's Ecologic and Social Union) Adrien Quatennens speaks to media after a meeting with French President following the parliamentary elections, at the presidential Elysee Palace in Paris. - Member of Parliament of French leftist La France Insoumise LFI party Adrien Quatennens will appear before a judge on december 13, 2022 to plead guilty in the case of violence against his wife who made him withdraw from political life AFP learned on November 21, 2022 from his entourage and his lawyer. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

JUSTICE - Il reconnaît une gifle et des SMS répétés après la séparation. Son épouse l’accuse de « violences physiques et psychologiques » récurrentes. Le député LFI Adrien Quatennens comparaît ce mardi 13 décembre à Lille dans une procédure de « plaider-coupable », épilogue judiciaire d’une affaire qui a ébranlé la gauche.

Jugé en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC ou « plaider-coupable »), l’élu du Nord pourrait avoir « une amende, voire un stage de sensibilisation » aux violences conjugales, affirme son entourage.

Il est convoqué à 8h30 par la procureure de la République de Lille, qui lui proposera une peine. S’il l’accepte, celle-ci devra être homologuée par un juge lors d’une audience publique prévue à 10h.

Ce juge garde la possibilité de rejeter la peine prévue, ce qui entraînerait dès lors le renvoi d’Adrien Quatennens devant un tribunal correctionnel.

Selon son avocate Me Jade Dousselin, la justice a retenu une gifle infligée à son épouse « il y a plus d’un an » dans un contexte « d’agressivité mutuelle », ainsi que des SMS envoyés après la séparation et « dont l’absence de caractère malveillant » a « été reconnue ».

Le parquet n’a pas souhaité confirmer le détail des faits reconnus par le député et qui feront donc l’objet de la sanction.

Séisme

Engagé dans une procédure de divorce conflictuelle, Adrien Quatennens « est déterminé à exposer sa vérité et à ce que ça prenne fin », assure son entourage.

Il ne s’est pas exprimé publiquement depuis la révélation de l’affaire mi-septembre dans Le Canard enchaîné. Mais celui qui était alors numéro deux de LFI, derrière Jean-Luc Mélenchon, avait publié un communiqué sur Twitter pour annoncer sa mise « en retrait » de son poste de coordinateur du mouvement.

Le parquet de Lille avait ouvert une enquête à la suite du dépôt de deux mains courantes contre lui par sa femme Céline Quatennens. Celles-ci sont ensuite devenues une plainte dont le contenu n’a jamais fuité.

Jusqu’alors muette, l’épouse du député a dénoncé fin novembre, dans un communiqué à l’AFP, des « violences physiques et psychologiques » exercées depuis « plusieurs années » par son mari, évoquant « ses colères » et « ses crises ».

Jean-Luc Mélenchon, qui avait dans un premier temps affiché son soutien à son poulain Quatennens, provoquant l’ire des militants féministes, ne s’est pas exprimé depuis ces nouvelles accusations.

L’affaire a provoqué un séisme à gauche, des alliés socialistes et écologistes de LFI appelant ouvertement à la démission de l’élu.

« Suspension lourde »

Adrien Quatennens, un temps en arrêt de maladie, n’a pas repris son poste à l’Assemblée et reste exclu des activités parlementaires LFI jusqu’à la décision de la justice.

« On attend le 13. S’il a un rappel à la loi ou une condamnation, ce n’est pas pareil. On essaie de s’organiser pour que ça ne pète pas », affirme sous couvert d’anonymat une députée féministe LFI. Une réunion du groupe parlementaire est prévue ce mardi pour décider de la suite.

« Je suis pour une suspension lourde du groupe LFI en cas de condamnation. Pas une démission de son siège de député », estime-t-elle, appelant à ce qu’il ne puisse pas réintégrer le mouvement à court terme. « Les nouvelles accusations de Céline ont affaibli ceux qui voulaient un retour rapide de Quatennens », ajoute-t-elle.

« On sait qu’il sera condamné », déclare à l’AFP le député LFI des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard. Mais « mardi dernier, lors de la réunion de groupe, aucune voix ne s’est élevée pour réclamer son exclusion définitive ou sa démission », ajoute-t-il.

En attendant, ce proche de Jean-Luc Mélenchon devrait bientôt reprendre officiellement les rênes de La France insoumise dont il assume de fait la coordination opérationnelle depuis le retrait d’Adrien Quatennens.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi