"Un acharnement déloyal et scandaleux": la colère de Julien Bayou dans sa lettre de démission
Après une plainte déposée début mars par son ex-compagne et à la suite des menaces de grève brandies par une partie des adhérents s'il restait au parti, Julien Bayou dénonce une "traque" dans sa lettre de démission envoyée en interne ce mardi 2 avril et consultée par BFMTV.
Tandis qu'EELV a annoncé l’ouverture d’une enquête externe par un cabinet spécialiste des violences sexistes et sexuelles, l'ancien secrétaire national des Verts s'insurge dans cette lettre qu'un courriel s'apprête à être envoyé par le parti à plusieurs dizaines de milliers d’adhérents.
D'après Julien Bayou, EELV invite dans ce message électronique, "toute personne concernée par de prétendus comportements ou propos inadaptés de sa part à témoigner contre lui".
"Cet acharnement à mon encontre est déloyal et scandaleux", fustige le député démissionnaire dans un courrier interne que BFMTV s'est procuré.
Un "discrédit irréversible"
"Ce procédé, qui me désigne comme coupable auprès de tous les adhérents, me discréditerait de manière irréversible tant auprès de mes adversaires que de mes partenaires politiques", a-t-il ajouté.
Appelant à l'empathie, Julien Bayou a ainsi interpellé les têtes du mouvement: "Marine Tondelier, Cyrielle Chatelain accepteriez-vous que des dizaines de milliers d’adhérents soient appelées expressément à fabriquer un dossier à charge contre vous?"
"Ne vous sentiriez-vous pas traquées ? Ne seriez-vous pas effrayées à l’idée d’une violation inéluctable de votre vie privée ?" ajoute-t-il.
L'élu ne se "prêtera pas à ce jeu dégradant"
Ce mail externe constitue selon Julien Bayou, "un appel pur et simple à la délation", "une violation des principes fondamentaux de l’État de droit: présomption d’innocence, respect du contradictoire, droit au respect de la vie privée".
"Il n’est pas question que je me prête à ce jeu dégradant", affirme l'élu parisien.
Le député se dit également "à bout", "épuisé par ce que je vis comme un harcèlement et une pression psychologique insoutenable". 'Cette situation est insupportable pour mes proches comme pour mon équipe à l’Assemblée", témoigne-t-il également.
Désormais démissionnaire et ayant rendu sa carte d'adhérent au parti, l'élu estime que les enquêtes internes et externes le visant, "doivent cesser sur-le-champ et cet e-mail nocif et délétère ne doit pas être envoyé".
"À défaut", menace le député, "j’userai de toutes les voies de droit, tant contre le parti que contre ses représentants en leur nom personnel".
Déjà mis en retrait du parti
Dans la matinée Julien Bayou avait déjà quitté le groupe du parti écologiste à l'Assemblée nationale. Selon les informations de france info, la présidente du groupe, Cyrielle Châtelain, l'a annoncé dans la boucle de messagerie des députés.
Le député de Paris avait déjà opté début mars pour la mise en retrait du parti après la plainte de son ex-compagne qui l'accuse de "harcèlement moral" et "abus frauduleux de l’état de faiblesse".
Mais à l'issue d'un vote réglementaire, dénoncé par Sandrine Rousseau et les Jeunes écologistes, le député avait conservé sa place dans son groupe parlementaire.
En septembre 2022, Julien Bayou, alors secrétaire national du parti et coprésident du groupe à l'Assemblée, s'était déjà mis en retrait et avait démissionné de sa fonction.
La cellule interne d'EELV sur les violences sexistes et sexuelles s'était auto-saisie pour enquêter. Mais six mois plus tard, le groupe écologiste avait acté la fin de la mise en retrait du député, faute d'avoir pu entendre la plaignante. Julien Bayou s'était alors estimé "innocenté".