Accessibilité des sites olympiques : « Une fois qu’on est arrivé, tout est accessible, le problème c’est pour y aller » témoigne Bernadette Pilloy

A 76 ans, Bernadette Pilloy est engagée dans plusieurs associations. Elle est notamment présidente du « Conseil français des personnes handicapées pour les affaires européennes et internationales », membre du comité exécutif de « Collectif handicaps » et administratrice de la « Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes ». Selon les organisateurs des Jeux olympiques, 350 000 visiteurs en situation de handicap et 4 400 athlètes paralympiques sont attendus en France pour les jeux. Dans cette perspective, un comité d’experts a été créé pour tester l’accessibilité des sites olympiques. Membre de ce dernier, Bernadette Pilloy arpente la capitale avec sa chienne guide Mara. En ce qui concerne les infrastructures, elle affirme qu’« une fois qu’on est arrivé, tout est accessible ». Le problème c’est de se rendre sur les sites olympiques. « La moitié des lignes de métro n’annonce pas le nom des stations », et avec les anciennes rames remises en service pour faire face à l’afflux de voyageurs, la situation empire. C’est notamment le cas du RER C, entièrement oralisé avant que les anciennes rames soient ajoutées pour les Jeux olympiques.
Bernadette Pilloy témoigne : « la semaine dernière, j’avais un rendez-vous à Paris où je devais descendre aux Invalides, c’était une vieille rame de RER C, et j’ai dû compter sur mes doigts, j’en ai marre de compter sur mes doigts, ce n’est plus de mon âge ! ».

« Le réseau parisien était une honte en termes d’accessibilité avant les JO, et il le restera après » affirme le sénateur Thomas Dossus 

Sénateur socialiste de la Seine-Saint-Denis, Adel Ziane affirme qu’« on part de très loin, (…) le réseau et le métro parisien, c’est 314 stations qui n’ont pas été pensées pour les personnes à mobilité réduite et les annonces orales ». « Tout ce qui est nouveau est aux normes », explique Christine Lavarde, sénatrice Les Républicains des Hauts-de-Seine. Le problème concerne le délai d’adaptation du « stock » existant. Les « rames qu’on est venu rechercher » n’ont pas été sonorisées, pourtant, « je ne pense pas que ce soit le plus compliqué dans tout ce qui a été fait aujourd’hui », dit-elle.

Pour rendre les Jeux olympiques et paralympiques accessibles, une flotte de 1000 taxis adaptés et un service de navettes ont été mis en place. Un dispositif « satisfaisant » pour Bernadette Pilloy : « sinon c’était priver les personnes en fauteuil et un certain nombre de personnes handicapées d’accès aux jeux, mais c’est quand même un vrai scandale qu’on en soit encore là » s’exclame-t-elle.
En définitive, « on nous avait promis mille choses pour l’accessibilité pérenne, mais ce ne sera pas le cas », selon la présidente du « Conseil français des personnes handicapés pour les affaires européennes et internationales ». Un constat partagé par Thomas Dossus, sénateur écologiste du Rhône : « Le réseau parisien était une honte en termes d’accessibilité avant les JO, et il le restera après ».

Bernadette Pilloy salue néanmoins la signature, le 5 juin 2024, d’une charte entre Ile-de-France Mobilités, la RATP et la « Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes ». Cette charte promet d’améliorer durablement l’accessibilité des transports franciliens aux voyageurs déficients visuels. « On est très contents parce que tout le réseau de métro aura de nouvelles rames aux normes entre 2025 et 2035. C’est mieux que rien », concède-t-elle. Elle « espère que le principal héritage des Jeux olympiques et paralympiques soit le réveil de la société (…) et que les pouvoirs politiques de tous et à tous les niveaux tiendront compte » de l’« apport positif » des personnes en situation de handicap.

L’intégralité de l’émission est disponible en replay.