Aaron Driver s'apprêtait à commettre un attentat au Canada

par Robert MacMillan STRATHROY, Ontario (Reuters) - Aaron Driver, le Canadien de 24 ans mort mercredi après un échange de coups de feu avec la police, avait fait allégeance à l'organisation Etat islamique (EI) et était sur le point de commettre un attentat à la bombe, ont annoncé jeudi les autorités. Les services canadiens ont été alertés par le FBI américain, qui avait repéré une "vidéo martyr" dans laquelle l'homme revendiquait une attaque, a précisé la gendarmerie royale du Canada (GRC). "L'individu en était aux dernières étapes de sa planification pour perpétrer un attentat à l'engin explosif artisanal avec lequel il comptait frapper dans les 72 heures suivantes un centre urbain en pleine heure de pointe du matin ou de l'après-midi", a précisé la GRC dans un communiqué. Driver, qui s'était converti à l'islam dans son adolescence, vivait chez sa soeur à Strathroy, une petite ville de l'Ontario de 20.000 habitants située à 225 km au sud-ouest de Toronto. A l'arrivée de membres du Groupe tactique d'intervention, il est monté dans un taxi. Il est mort après avoir fait exploser un engin explosif alors que les policiers avaient ouvert le feu. Le chauffeur de taxi a été légèrement blessé. "C'était une course contre la montre", a dit Mike Cabana, sous-commissaire de la police fédérale. Aaron Driver était connu des services de police et du renseignement intérieur. Arrêté en juin 2015 pour être entré en communication avec des membres de l'Etat islamique au Texas et en Australie, il avait été relâché quelques jours plus tard en liberté conditionnelle avec port d'un bracelet électronique. Le placement sous surveillance électronique avait été levé en février dernier. Il était soumis depuis à un "engagement à ne pas troubler l'ordre public en lien avec du terrorisme", ont précisé les autorités avec interdiction notamment d'utiliser les réseaux sociaux ou d'entrer en contact avec l'EI ou tout groupe similaire. REVENDICATION DE L'ÉTAT ISLAMIQUE "Si un pays entre en guerre contre un autre pays, un autre peuple ou une autre communauté, je pense qu'il doit se préparer à ce que des choses comme cela arrivent", avait-il dit l'an dernier à Radio Canada. "Et lorsque cela arrive, il ne faut pas être surpris, cela devait arriver, il le mérite", ajoutait-il. Dans la vidéo transmise aux Canadiens par le FBI, l'homme cite des passages du Coran et menace de frapper le Canada pour le punir de sa participation à la coalition contre l'Etat islamique. Dans un communiqué repéré par l'organisation SITE, l'agence Amaq, organe de presse de l'Etat islamique, confirme qu'il était un "soldat du califat" et revendique une "attaque visant la police au Canada en réponse aux appels visant à cibler les pays de la coalition", la formule désormais consacrée qu'utilise le groupe djihadiste pour s'attribuer la responsabilité d'attaques. La police canadienne a dit ne disposer d'aucun élément démontrant qu'il avait d'éventuels complices. Elle a précisé que Driver n'était pas sous surveillance constante, mais qu'il était supervisé. "Je n'avais pas réalisé qu'il était à ce point radicalisé", a déclaré son père, Wayne Driver, à Radio Canada. "Je savais qu'il était en colère contre le monde entier depuis la mort de sa mère, mais je n'avais pas réalisé qu'il avait retourné cette haine contre le monde", a-t-il poursuivi. En octobre 2014, le Canada a été le théâtre de deux attaques visant des soldats à Ottawa et au Québec. Elles avaient été attribuées par la police à des militants extrémistes "de l'intérieur". (avec Ethan Lou à Toronto et Andrea Hopkins à Ottawa; Henri-Pierre André pour le service français)