83 visites en 2024 : le directeur du Salon de l'agriculture veut "repenser" la venue des politiques

En pleine crise agricole, la 60e édition du Salon de la porte de Versailles a cristallisé les tensions. Dans une interview accordée à Ouest-France, son directeur, Arnaud Lemoine, en dresse le bilan et évoque notamment la part accordée aux politiques.

Un Salon "éprouvant" mais "instructif". Ce dimanche marque la fin de la 60e édition du Salon de l'agriculture, porte de Versailles à Paris, marqué par la colère des agriculteurs. À cette occasion, son directeur, Arnaud Lemoine, s'est confié dans les colonnes de Ouest-France, pour dresser le bilan de l'événement, qui a connu une fréquentation "plus ou moins similaire à l’année dernière" (615 000 personnes au total).

Parmi ses visiteurs, certains ont attiré l'attention: Emmanuel Macron y a fait son habituelle déambulation, emboîtant le pas à Gabriel Attal, puis à Jordan Bardella, Marine Le Pen, et autres personnalités politiques. Au total, selon Arnaud Lemoine, "83 visites d'élus" ont été recensées cette année, contre "52 en 2022".

Réfléchir à ce que "la vie du salon ne soit pas qu'une vie politique"

Face à cet engouement du monde politique, le directeur du Salon veut réfléchir à leur "accueil" et "tirer des leçons". "Attention, je ne suis pas en train de dire qu'on ne veut pas qu'ils viennent, c'est très important, c'est une forme de reconnaissance", tempère-t-il, mais le directeur veut toutefois "changer un certain nombre de choses pour que la vie du salon ne soit pas qu'une vie politique".

Au petit matin de l'ouverture du Salon, le 24 février, des dizaines de manifestants forcent une grille et entrent, décidés à se faire entendre du chef de l'État. Le programme de la visite d'Emmanuel Macron a été chamboulé. Après une rencontre avec les représentants officiels des syndicats et filières, il débattra finalement avec quelques agriculteurs choisis dans les rangs des syndicats.

"Le premier samedi a marqué tout le monde"

Le Salon ouvre au public avec une heure de retard, et le Hall 1, plus de six heures plus tard. "Du jamais vu" pour ses organisateurs.

"Le premier samedi a marqué tout le monde, moi le premier. Habituellement, c'est une fête et, là, on a vu se multiplier jour après jour des manifestations, des revendications, certes légitimes mais qui ont pesé sur le climat de l’événement", explique Arnaud Lemoine. S'il avait "anticipé les tensions", "personne n'avait imaginé ces neuf jours de cette façon-là".

Concernant la colère du monde agricole, il appelle à "des mesures économiques" mais également à ne pas "oublier l'aspect sociétal". "Je vois dans les yeux des paysans un besoin de reconnaissance. Ils veulent avant tout être compris, qu'on les respecte, qu'on les aime".

Article original publié sur BFMTV.com

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