8-Mars: en Afghanistan, de discrètes manifestations pour la Journée internationale des droits des femmes

De petits groupes d'Afghanes ont manifesté discrètement ce vendredi 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes, la répression des autorités talibanes à leur encontre les empêchant de sortir dans les rues.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans ont imposé leur interprétation restrictive de la loi islamique, multipliant les mesures liberticides envers les femmes, une politique qualifiée d"'apartheid de genre" par l'ONU.

Ils les ont exclues des établissements d'enseignement secondaire et des universités, faisant de l'Afghanistan le seul pays au monde où l'éducation des filles est interdite après l'école primaire.

Les femmes ont aussi été en grande partie bannies des administrations publiques, il leur est interdit d'entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics, et elles sont obligées de se couvrir intégralement lorsqu'elles sortent de chez elles.

"Droits, Justice, Liberté"

Dans plusieurs provinces, quelques femmes se sont réunies pour demander que ces restrictions soient levées, a indiqué le Purple Saturdays Movement, un groupe de défense des droits des femmes en Afghanistan.

Dans la province de Takhar, dans le nord-est du pays, des images publiées par des militantes féministes montrent sept femmes tenant des papiers devant leur visage, avec l'inscription "Droits, Justice, Liberté".

Dans celle de Balkh, dans le nord du pays, plusieurs femmes ont aussi tenu des pancartes disant "Ne donnez pas une chance aux talibans", devant une bannière avec les mots "Sauvez les femmes d'Afghanistan". Aucune manifestation publique n'avait été rapportée ce vendredi en milieu d'après-midi.

Appels pour l'accès des filles à l'éducation

Jeudi, une vingtaine de femmes ont participé à un événement organisé par l'Association des aveugles d'Afghanistan à Mazar-e-Sharif, dans le nord du pays, et ont lu des messages réclamant le respect du droit à l'éducation pour les femmes et les filles.

"Les portes des écoles, des universités et des bureaux devraient être ouvertes à toutes les femmes", a déclaré l'une d'elles, qui a demandé à conserver l'anonymat pour raison de sécurité.

"C'est très douloureux qu'une femme n'ait aucune valeur aujourd'hui dans notre société. Elle ne peut utiliser aucun de ses droits", a-t-elle ajouté.

"Les femmes représentent la moitié de l'humanité, en tant que mères, épouses, sœurs, filles et enseignantes. La religion sainte de l'islam n'est pas opposée au travail et à l'éducation des femmes", a renchéri une autre.

Jeudi également, un groupe appelé la Coalition indépendante du mouvement de protestation des femmes d'Afghanistan, a publié un communiqué demandant "une action immédiate et sérieuse de la communauté internationale contre la claire violation des droits humains et les crimes évidents que les talibans commettent à l'encontre des femmes".

L'ONU demande une levée des restrictions

La mission de l'ONU en Afghanistan (Manua) a appelé ce vendredi le gouvernement taliban à lever les restrictions pesant sur les femmes, afin de ne pas "pousser davantage le pays dans la pauvreté et l'isolement". Les autorités afghanes n'ont cessé de rejeter les critiques internationales sur le sujet.

Le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid, a déclaré ce vendredi que les talibans respectaient les droits des femmes dans le cadre de l'islam, selon une interview publiée par Tolo News.

Il avait récemment qualifié de "propagande" un rapport du rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains en Afghanistan qui insistait sur les restrictions imposées aux femmes.

Les Afghanes ont manifesté de manière sporadique contre les règles imposées à leur encontre par le pouvoir, mais souvent par petits groupes et en cachette, de peur des représailles après que plusieurs militantes ont été détenues pendant des mois. Les manifestations de rue ont été le plus souvent violemment dispersées par les forces de sécurité.

Article original publié sur BFMTV.com