Pour le 8-Mai, Macron à Lyon pour un hommage à Jean Moulin

Emmanuel Macron à Lyon pour le 8-Mai : choix symbolique et discours politique (photo prise le 8 mars)
Emmanuel Macron à Lyon pour le 8-Mai : choix symbolique et discours politique (photo prise le 8 mars)

POLITIQUE - Entre Rhône et Saône. Emmanuel Macron innove pour les cérémonies du 8-Mai. Aux traditionnelles étapes parisiennes, il a choisi cette année d’ajouter une visite à Lyon et un hommage à Jean Moulin.

Après la remontée des Champs-Élysées ce lundi, la revue des troupes ou le ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l’Arc-de-Triomphe, le chef de l’État est attendu en début d’après-midi au Mémorial de la prison de Montluc. Il doit y présider une cérémonie d’hommage aux internés, sur fond de Marseillaise et du Chant des Partisans après avoir visité les cellules de plusieurs illustres résistants.

Un déplacement chargé de symboles, donc, à l’approche du 80e anniversaire de l’arrestation et de la mort de Jean Moulin, et l’occasion pour le président de la République de discourir sur « l’esprit de résistance », « une des caractéristiques du peuple Français », explique l’Élysée.

La prison de Montluc, « haut lieu de la mémoire nationale »

Pourquoi le mémorial de Montluc ? L’ancienne prison, réquisitionnée par les nazis en 1943, est « emblématique par le nombre et le rayonnement des figures qui y ont été détenues », rappelle la présidence de la République en marge de la cérémonie, « des grands résistants comme Jean Moulin ou Raymond Aubrac, des figures très symboliques, des intellectuels, Marc Bloc ou André Froissard, des civils, des femmes, des hommes, des enfants dont le plus jeune avait 14 mois. »

Et de résumer : « Montluc c’est un haut lieu de la mémoire nationale française. » C’est également entre ces murs que les 44 enfants juifs réfugiés dans la colonie de la maison d’Izieu dans l’Ain, raflés le 6 avril 1944 sur ordre de la Gestapo, ont été internés avant d’être déportés et assassinés dans les camps d’extermination.

Huit décennies plus tard, Emmanuel Macron veut donc rendre hommage à toutes ces victimes, à travers notamment la figure de Jean Moulin, celui qui a unifié les réseaux de la résistance, entre autres faits d’armes. Arrêté en juin 1943 à Caluire, près de Lyon, par le chef local de la Gestapo, Klaus Barbie, « Max » ou « Rex » selon ses pseudonymes, est affreusement torturé à la prison de Montluc. Il garde alors le silence et décède quelques jours plus tard, en juillet 1943, des suites des blessures infligées.

Ce lundi, le président de la République, qui sera accompagné de plusieurs ministres, Éric Dupond-Moretti ou Pap Ndiaye, visitera sa cellule, comme celle de Marc Bloch et Raymond Aubrac, après plusieurs arrêts sur des « lieux emblématiques » à l’image de l’emplacement de la « Baraque aux Juifs. »

Souligner le rôle politique de Jean Moulin

Au-delà de cette dimension historique et mémorielle, Emmanuel Macron pourra sans doute passer quelques messages à résonance actuelle en évoquant notamment le « rôle politique de première importance » qu’a joué Jean Moulin dans le Conseil national de la Résistance (CNR). Et donc dans l’indépendance de la France. Une dimension, qui selon l’entourage du chef de l’État n’est « pas assez rappelée ».

« Nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd’hui si Jean Moulin n’avait pas réuni », ce CNR, à la demande de de Gaulle, résume la présidence de la République, en soulignant les contours de « cette organisation qui rassemble toutes les forces de la résistance intérieure, de la droite, de la gauche », les deux grands syndicats de l’époque « la CFTC et la CGT », « qui décident de faire chemin ensemble. »

De là à y voir un écho avec les appels réguliers du chef de l’État à la concorde, « aux bonnes volontés », ou au dépassement politique ? Toute ressemblance avec une situation actuelle peut paraître fortuite. Mais c’est bien cette logique qui a par exemple inspiré, proportion gardée, Emmanuel Macron avec son Conseil national de la Refondation (CNR également), pour préparer les défis à venir.

À l’Élysée, on refuse de tisser des liens trop épais en insistant plutôt sur l’« esprit de résistance » des Français, comme « un écho permanent de ce que nous sommes. » « L’esprit de résistance est la manifestation la plus sophistiquée de l’esprit de résilience », explique-t-on, en reprenant un vocabulaire cher au chef de l’État. D’autres parleraient d’insoumission.

À voir également sur Le HuffPost :

Après la réforme des retraites, une large majorité de Français veut tourner la page… de la Ve République - Exclusif

L’Assemblée nationale adopte deux textes contre l’avis du gouvernement