En 2023, la NUPES aurait pu s’afficher unie, elle en a raté l’occasion à de nombreuses reprises

Le 20 novembre, les députés de la NUPES brandissent des pancartes en plein hémicycle pour dénoncer le recours au 49.3 sur la réforme des retraites.
BERTRAND GUAY / AFP Le 20 novembre, les députés de la NUPES brandissent des pancartes en plein hémicycle pour dénoncer le recours au 49.3 sur la réforme des retraites.

POLITIQUE - Ils auraient pu, mais ils n’ont pas. Le 7 mai 2023, la NUPES soufflait sa première bougie. Sept mois plus tard, en novembre, voilà que ses fondateurs prononcent son acte de décès. La conclusion d’une année où, malgré des occasions de peser en la jouant collectif, l’alliance des gauches a plusieurs fois raté le coche.

Janvier 2023, la NUPES tient sa première bataille d’envergure avec la réforme des retraites. Dans les centrales comme dans la rue, le projet de loi du gouvernement pour repousser l’âge de départ à 64 ans fait l’unanimité contre lui et la gauche entend bien capitaliser sur cette colère. Malgré quelques voix dissonantes, l’alliance s’affiche unie et se lance dans une série de meetings un peu partout en France pour mobiliser l’opinion. L’unité des syndicats « nous oblige nous aussi » va jusqu’à déclarer le 17 janvier, lors du premier évènement commun organisé à Paris, le chef du PCF Fabien Roussel, pourtant pas le dernier à critiquer ses partenaires.

16 février, le premier accroc

Le travail commun se concrétise à l’Assemblée nationale, avec une stratégie parlementaire dévoilée le 26 janvier. Les partis de la NUPES déposent environ 6 000 amendements et font part dans un communiqué de leur volonté que « le cœur de cette contre-réforme, le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans prévu à l’article 7, soit abordé dans nos débats. »

Las, la théorie vole en éclat le 16 février. Alors que les débats sont limités dans le temps, PCF, PS et Écologistes retirent peu à peu leurs amendements pour arriver à l’article 7. Ce qui déplaît profondément à Jean-Luc Mélenchon, qui le fait savoir sur Twitter : « Le reste de la loi ne compte pas ? Hâte de se faire battre ? », écrit l’ancien parlementaire, dictant ainsi la ligne du groupe. En parallèle, l’attitude de certains de leurs députés pendant les débats est pointée du doigt. Le parti de Jean-Luc Mélenchon apparaît esseulé.

Comment la réforme des retraites fait vaciller la Nupes

« La NUPES n’a pas montré son meilleur visage » pendant le débat sur les retraites, reconnaît le 25 février le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud dans Le JDD. Il plaide alors pour un « après », « plus collectif et plus respectueux des différences ». Le député des Landes n’est pas le seul à défendre le principe d’un « acte II » de la NUPES. L’idée fait même consensus à gauche et sera régulièrement évoquée au fil des mois… sans jamais prendre forme.

7 octobre, le début de la fin

Courant 2023, la NUPES est percutée par deux échéances électorales : les sénatoriales de septembre et les européennes en juin 2024. Malgré l’insistance de la France Insoumise, les Écologistes et le PCF refusent une liste commune. La séquence donne lieu à des échanges assassins et publics, notamment entre Marine Tondelier et Manuel Bompard. La fin du « feuilleton » est prononcée le 3 octobre par le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, pas hostile à l’idée d’une liste commune mais consterné par les « querelles publiques » qui captent l’attention.

Du point de vue insoumis, l’absence d’union aux européennes était susceptible d’enfoncer le premier clou dans le cercueil de la NUPES. Ce n’est pourtant pas ce qui précipitera sa fin : le 7 octobre, l’attaque du Hamas en Israël porte un coup terrible à une NUPES déjà très fragile.

Attaques du Hamas en Israël : la Nupes se divise encore sur les propos de Mélenchon et LFI

Si les quatre partis condamnent l’attaque, les insoumis refusent de la qualifier de terroriste. Le tollé est général ; écologistes, socialistes et communistes se désolidarisent. Les deux derniers vont jusqu’à acter leur prise de distance au sein de leurs instances dirigeantes : les communistes appellent à « ouvrir une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes » quand les socialistes votent un « moratoire » sur le travail commun.

Après la loi immigration, « le sursaut ou le chaos »

C’est dans ce contexte que le projet de loi immigration arrive à l’Assemblée nationale le 11 décembre. Si aucune stratégie commune n’est arrêtée, la gauche parle d’une même voix contre le projet de loi. Les quatre groupes votent pour la motion de rejet des écologistes, réclament le retrait du texte et, après son adoption, n’ont pas de mots assez forts pour condamner un texte voté avec « les voix du Rassemblement national ».

Par réaction, depuis, les appels pour « construire la contre-offensive » à la politique du gouvernement se multiplient. « Il faut une rencontre des partis de la NUPES. Ce sera le sursaut ou le chaos », écrit le 20 décembre le député écologiste Benjamin Lucas, alors que ces discussions quadripartites n’ont pas eu lieu depuis des mois. Deux jours plus tard, c’est l’élu insoumis de la Somme François Ruffin qui abonde : « On a une union des droites aujourd’hui qui va de la droite libérale jusqu’aux droites extrêmes. Il nous faut une union des gauches. Ça s’appelle la NUPES, qui là est malmenée, (mais) il s’agit qu’on ait une union des gauches qui permettent d’ouvrir » une autre option, déclare-t-il sur France Inter le 22 décembre.

La veille, le coordinateur national de LFI Manuel Bompard a déclaré lors d’un meeting avoir « adressé au nom de La France insoumise un courrier à l’ensemble des composantes de la NUPES pour leur proposer une réunion d’urgence ». Le député des Bouches-du-Rhône fixe cependant comme ordre du jour de nouvelles discussions pour une liste commune pour les européennes, proposition susceptible de crisper ses(ex)partenaires pour qui le dossier est clos. Pas forcément les meilleures bases pour commencer 2024.

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