156 députés appellent à légiférer sur la fin de vie cette année

Plus de 150 députés issus en grande partie de la majorité demandent à légiférer pour donner aux malades en fin de vie "la libre disposition de leur corps" et de leur destin, dans une tribune publiée mercredi dans le journal Le Monde. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau

PARIS (Reuters) - Plus de 150 députés issus en grande partie de la majorité demandent à légiférer pour donner aux malades en fin de vie "la libre disposition de leur corps" et de leur destin, dans une tribune publiée mercredi dans le journal Le Monde.

L'aide à mourir s'obtient déjà dans les hôpitaux français auprès de médecins "courageux", notent ces 156 députés, citant des chiffres de l'Ined estimant à 2.000 à 4.000 le nombre de personnes en phase terminale choisissant leur mort chaque année.

"Le choix de la personne doit pouvoir être respecté, quand il est libre, éclairé, soumis à nulle contrainte ou dépression, exprimé de façon réitérée, et que des médecins ont confirmé l'impasse thérapeutique", estiment les élus, parmi lesquels 122 issus de La République en marche.

"C'est pourquoi, nous, députés issus d'horizons différents, proposons de légiférer en ce sens au cours de l'année 2018", concluent-ils, ajoutant qu'ils souhaitent réserver aux médecins la possibilité d'exercer leur "clause de conscience".

La loi Leonetti de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie encadre le développement des soins palliatifs, définit l'idée d'une obstination déraisonnable lorsque les soins sont inutiles ou n'ont "d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie" sans légaliser l'euthanasie active.

Trois pays proches de la France, la Belgique, les Pays-Bas, et le Luxembourg autorisent l'administration de médicaments mortels à des patients l'ayant demandé dans certains cas précis.

UNE NOUVELLE LOI ?

Le vice-président de la commission des affaires sociales LaRem Jean-Louis Touraine, le radical Olivier Falorni, la présidente LaRem de la commission des Affaires sociales Brigitte Bourguignon, celle de la commission des lois Yaël Braun-Pivet, l'ex-écologiste Barbara Pompili, le socialiste Olivier Faure, l'UDI Yves Jégo, et enfin l'ancien Premier ministre Manuel Valls font partie des premiers signataires du texte.

Les états généraux de la bioéthique, vaste concertation de six mois appelée à nourrir la révision de la loi bioéthique de 2011, ont débuté en janvier avec des débats potentiellement vifs sur cette question du suicide assisté, mais aussi sur la procréation médicalement assistée, le dépistage de maladies génétiques, ou l'autoconservation des ovocytes.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a jugé mercredi qu'il était "souhaitable" que les parlementaires, mais aussi la société civile dans le cadre des états généraux, s'emparent de ce "sujet extrêmement délicat" pour lequel néanmoins la question d'une loi n'est pas décidée.

"La question n'a pas été tranchée", a-t-il déclaré lors du compte rendu du conseil des ministres.

Dans une interview à La Croix publiée en mars 2017, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait prévenu qu'il ne se précipiterait pas pour légiférer, notamment sur la question de la fin de vie, et que les questions éthiques ne seraient pas "prioritaires" face à la transformation économique et sociale du pays.

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)