14-Juillet : défilé militaire, feux d’artifice, sécurité… À quoi va ressembler la Fête nationale 2023

Les émeutes urbaines après la mort de Nahel ont bouleversé l’organisation des festivités. Sur les Champs-Élysées, Modi sera l’invité d’honneur de Macron.

Des Alphajets de la Patrouille de France de l’Armée de l’Air, ici lors d’une répétition trois jours avant le défilé du 14-Juillet sur l’avenue des Champs-Élysées, à Paris, le 11 juillet 2023.
Des Alphajets de la Patrouille de France de l’Armée de l’Air, ici lors d’une répétition trois jours avant le défilé du 14-Juillet sur l’avenue des Champs-Élysées, à Paris, le 11 juillet 2023.

14-JUILLET - Après la semaine d’émeutes urbaines en France fin juin, à la suite de la mort du jeune Nahel victime d’un tir policier à Nanterre, le 14-Juillet de cette année ne ressemblera à aucun autre.

Défilé sur les Champs-Élysées, agenda d’Emmanuel Macron, dispositif sécuritaire, feux d’artifice annulés… Le HuffPost dresse un état des lieux à la veille la Fête nationale.

• Le défilé sur les Champs-Élysées

En dépit de ce contexte particulier, il convient de préciser que le traditionnel défilé militaire en plein Paris est maintenu. Invité d’honneur de la Fête nationale, le Premier ministre indien Narenda Modi est arrivé jeudi à Paris, pour deux jours en France. Et ce vendredi, il assistera au défilé - dont le thème est « Forces morales » -, auquel prendront également part 240 membres de forces armées indiennes, avec notamment trois Rafale vendus par la France à l’Inde.

Au total, l’édition 2023 rassemblera 6 500 participants, dont 5 100 à pied. Plus de 60 avions, dont des appareils étrangers, 28 hélicoptères, 157 véhicules et 62 motos défileront en compagnie des 200 chevaux de la Garde républicaine.

L’Ukraine sera aussi symboliquement représentée lors du défilé, une manière d’afficher la solidarité de la France envers le pays en guerre. Plusieurs pays partenaires de la France au Sahel, comme le Canada ou l’Allemagne, seront aussi présents, au sein d’un chœur de 80 musiciens qui donneront le ton (musical) jusqu’à l’arrivée de la Patrouille de France.

Parmi les nouveautés de ce défilé programmé de 10 heures à midi, on notera la présence d’un détachement de 78 membres de la Direction générale de l’armement (DGA) ou celle de 200 sportifs de haut niveau appartenant au bataillon de Joinville. Pour la première fois, des agents de la SNCF, au nombre de 49, défileront aussi sur les Champs-Élysées. En parallèle de leur poste à la SNCF, ces « réservistes opérationnels » travaillent pour l’armée et sont mobilisables à tout moment. Ce sera la première fois qu’une entreprise privée participe à l’événement.

Pour assurer la sécurité du défilé en appuyant les moyens au sol, un drone Reaper, piloté depuis la base aérienne de Cognac en Charente, survolera l’agglomération parisienne 24 heures sur 24. Après le défilé, l’armée propose à tous de rencontrer les soldats et de s’approcher des engins (hélicoptères, chars…) aux Invalides à partir de 14 heures.

• Emmanuel Macron ne s’exprimera pas

Le président de la République ne prendra pas la parole ce 14 juillet, date qu’il avait lui-même fixée comme un point d’étape au terme des « cent jours d’apaisement » décrétés en avril. « Je n’ai pas coutume de repousser des choses qui ne sont pas programmées », a balayé le chef de l’État, interrogé par la presse cette semaine.

« Je crois avoir fait deux fois des interviews du 14 juillet (sur six ans de mandat, ndlr). Donc vous m’accorderez d’avoir une certaine liberté avec cette pratique. J’ai dit que je ferais un point autour du 14 juillet, je vous rassure : je ferai un point autour du 14 juillet. Mais je ne vous en ai donné la date, ni la forme et je les donnerai en temps voulu », a poursuivi le président.

Le soir, il accueillera Narenda Modi au Louvre pour un dîner officiel.

• Un dispositif de sécurité conséquent

Comme lors de la deuxième partie de semaine durant les émeutes urbaines, 45 000 policiers et gendarmes, des unités d’élite et des blindés sont déployés depuis jeudi soir et jusqu’à samedi matin dans tout le pays. Rien qu’à Paris, environ 10 000 policiers et gendarmes sont sur le terrain, dans la capitale et ses départements limitrophes.

Et pour la première fois un 14-Juillet, les forces spéciales du Raid, du GIGN et de la BRI, ainsi que les hélicoptères et les véhicules blindés de la gendarmerie sont engagés dans les communes les plus sensibles. Quelque 40 000 pompiers sont également sur le pont chaque nuit pour intervenir sur d’éventuels feux de poubelles et autres incendies de voitures et bâtiments.

Dans tout le pays, sauf exceptions, les bus et tramways s’arrêteront par ailleurs de nouveau plus tôt en soirée, dès 22 heures, voire 21 en région parisienne.

Les autorités ont en outre répété leur détermination à faire respecter le décret interdisant jusqu’à samedi la vente de tous les articles pyrotechniques, dont les « mortiers » d’artifice utilisés par les émeutiers comme armes contre les forces de l’ordre ou pour incendier des bâtiments.

« On ne craint rien du tout, on est tout simplement prudent », a assuré jeudi sur BFMTV le préfet de police Laurent Nuñez, regrettant que les violences urbaines fassent « malheureusement partie des traditions » du 14-Juillet. « S’il y avait quelque débordement, nous interviendrions avec la plus grande détermination pour que l’ensemble de nos concitoyens puisse vivre dans le calme », a également assuré Emmanuel Macron.

• Des feux d’artifice annulés dans plusieurs villes

En Île-de-France, où une centaine d’équipements publics dont 18 mairies ou annexes, ont été visés après la mort de Nahel, plus d’une quinzaine de feux d’artifice sont annulés. Notamment à Nanterre, l’un des principaux théâtres d’affrontements et lieu de la mort de Nahel, la ville mettant en avant les « éprouvants » évènements traversés.

En Seine-Saint-Denis, plusieurs villes ont annoncé des annulations ou reports : Bagnolet, Rosny-sous-Bois, Aulnay-sous-Bois, Clichy-sous-Bois, Gournay-sur-Marne, Villepinte, Romainville ou encore Noisy-le-Sec. Les communes de Vaires-sur-Marne, Bussy-Saint-Georges, Torcy ou Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne, Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, ou encore Draveil, Savigny-sur-Orge et Vigneux-sur-Seine dans l’Essonne en ont fait de même. Les maires de Maisons-Alfort, Charenton-le-Pont et Saint-Maurice, trois communes proches du Val-de-Marne, annulent aussi leur spectacle pyrotechnique commun sur les bords de Marne.

Dans le Nord, Mons-en-Barœul, ville de l’agglomération lilloise où la mairie a été incendiée, a été parmi les premières à annuler son feu d’artifice. Le maire de Roubaix Guillaume Delbar (DVD) lui a emboîté le pas. Un feu d’artifice est aussi annulé à Hem.

Dans le Bas-Rhin, la préfecture a « recommandé » d’éviter les feux d’artifice en raison de « risques d’incendie », qui mobiliseront fortement les pompiers, a mis en garde la préfecture. La Ville de Strasbourg a donc annulé son feu, tout comme la commune d’Illkirch-Graffenstaden, qui maintient toutefois son bal populaire avec « deux points de contrôle ». Dans le Centre-Val-de-Loire, à Montargis (Loiret), spectacle pyrotechnique et bals sont aussi annulés.

• Les festivités à Paris

Le feu d’artifice sera tiré dans la capitale ce vendredi 14 juillet au soir à partir de 23 heures depuis la Tour Eiffel, comme de coutume. Pour ce show visuel et sonore de 35 minutes, le thème de cette année est « la liberté ».

Ce spectacle sera précédé d’un grand concert symphonique organisé sur le Champ-de-Mars et joué par l’Orchestre national de France, sur le thème de la fraternité, avant la traditionnelle Marseillaise. Près de 70 000 personnes sont attendues.

« Nous avons particulièrement besoin de ces moments de rassemblement en famille ou entre amis. C’est aussi l’image de la France dans le monde à un an des Jeux olympiques et paralympiques de Paris », a plaidé auprès de l’AFP le cabinet de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

VIDÉO - 14-Juillet: premières festivités dans le calme, important dispositif policier sur tout le territoire