Une île chilienne est à vendre 35 millions de dollars mais ses habitants résistent

“Une vaste île sauvage à la nature intacte est en vente à l’autre bout du monde pour 35 millions de dollars”, titrait récemment le quotidien The New York Post. L’île de Traiguen, en Patagonie, dans l’archipel des Chonos, est à vendre depuis le début du mois, mais la polémique a grandi ces derniers jours au Chili. Selon le journal, elle ferait sept fois la taille de Manhattan et serait “vierge” et “inexploitée”.

L’un des associés de l’agence d’immobilier de luxe qui l’a mise en vente, explique au quotidien : “Tout le monde n’est pas fait pour vivre sur une île mais il est vraiment rare de trouver une île de cette taille, avec un littoral aussi étendu [163 kilomètres], des eaux transparentes et une nature sublime dans un cadre aussi préservé et isolé. […] C’est une excellente opportunité pour les promoteurs.”

COURRIER INTERNATIONAL
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Mais la presse chilienne ne semble pas d’accord, notamment parce que Traiguen n’est ni vierge ni inexploitée. Une communauté amérindienne du peuple huilliche, de culture mapuche, s’y est installée il y a quatre-vingts ans et y vit essentiellement de la pêche artisanale.

Qui plus est, écrit le site The Clinic, “c’est un véritable poumon vert pour la planète, […] avec ses forêts de robles, de hêtres australs et de hêtres blancs” typiques de la Patagonie, et elle est très riche en eau douce.

Un accord pour cent ans

L’histoire de la propriété de Traiguen remonte à loin. Elle appartenait au fisc chilien jusqu’en 1989, quand le dictateur Augusto Pinochet en a fait don à l’armée. Laquelle ne l’a guère utilisée et l’a vendue en 2008 à un homme d’affaires chilien écologiste, Eduardo Ergas, pour la somme de 2,3 millions de dollars de l’époque.

Les Huilliche s’étaient alors rebellés contre cette vente, menaçant de poursuivre en justice l’homme d’affaires. Les deux parties avaient fini par trouver un accord. “Eduardo Ergas a cédé près de 500 hectares [sur 44 000] pour que la communauté puisse continuer à se développer, c’était un accord pour une durée de cent ans”, explique au quotidien régional d’Aysén El Divisadero Marcia Nahuelquin, qui a présidé la communauté jusqu’en 2020.

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