Une île au cœur des tensions entre la Chine et les États-Unis

“Perdre la liberté est la pire douleur pour l’être humain” : c’est sur cette devise que s’est construite la démocratie taïwanaise, rappelle le quotidien coréen Seoul Shinmun. Une devise que les électeurs de ce pays de 23,5 millions d’habitants auront sûrement en tête lors de la présidentielle de ce 13 janvier.

Car le geste innocent d’une jeune star de la K-pop a suffi à montrer la fragilité de cette liberté.

En 2015, Tzuyu, une adolescente taïwanaise alors âgée de 16 ans et membre du girls band de K-pop Twice, déchaîne une colère médiatique en Chine. Son tort : avoir agité un drapeau de son île natale dans une émission à la télévision coréenne.

L’affaire prend une telle ampleur que la jeune fille est contrainte de présenter des excuses publiques.

Dans la vidéo d’excuses, Tzuyu apparaît visiblement mal à l’aise devant la caméra. “Il n’y a qu’une seule Chine”, lit-elle sur un papier qu’elle tient dans la main.

Comme le souligne à l’époque le quotidien américain The New York Times, la jeune chanteuse récite ainsi la “formule de Pékin”, qui “nie la possibilité à Taïwan de ne jamais atteindre l’indépendance”.

Le Parti communiste chinois (PCC) défend la politique d’une seule Chine, rappelle le Seoul Shinmun. Pékin considère Taïwan comme l’une de ses provinces, qui doit être rattachée au continent.

La vidéo d’excuses réjouit donc les sites chinois, qui célèbrent “une victoire totale des internautes de la Chine continentale sur les indépendantistes taïwanais”, relaie The New York Times.

Taïwan ne l’entend évidemment pas de cette façon. “Les ‘excuses forcées’ [de Tzuyu] soulèvent la colère de la nation”, titre en réaction le quotidien en anglais Taipei Times.

Suite à ce scandale, on estime que les voix en faveur de Tsai Ing-wen, l’actuelle présidente de Taïwan, ont augmenté de 1 % à 2 % lors de l’élection de 2016, rapporte le Seoul Shinmun. Elle est issue du Parti démocrate progressiste (DPP), aux tendances proaméricaines, et terminera son second mandat ce janvier.

L’actuelle présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, pendant la campagne présidentielle de 2015. Proaméricaine, élue en 2016 puis en 2020, elle ne peut pas se représenter à l’élection du 13 janvier pour un troisième mandat.. PHOTO Billy H.C. Kwok/The New York Times
L’actuelle présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, pendant la campagne présidentielle de 2015. Proaméricaine, élue en 2016 puis en 2020, elle ne peut pas se représenter à l’élection du 13 janvier pour un troisième mandat.. PHOTO Billy H.C. Kwok/The New York Times

L’élection de ce 13 janvier porte des enjeux qui dépassent les frontières de l’île. Elle oppose le DPP, représenté par Lai Ching-te, favorable aux États-Unis, au Kuomintang (KMT) de Hou You-ih, un parti aux tendances prochinoises. C’est donc une guerre par procuration que se livrent ces deux superpuissances, explique le Seoul Shinmun.

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