Être pilote d’avion quand on sait que c’est criminel pour le climat

La source

Die Zeit est “la” publication allemande de référence. Pointu et exigeant, ce (très) grand journal d’information et d’analyse politique situé à Hambourg, paraît tous les jeudis. Il a été créé en 1946 dans la zone d’occupation britannique, après la défaite allemande au terme de la Seconde Guerre mondiale. Il appartient au groupe Holtzbrinck.

Toutes les semaines, nous publions un contenu de “En vrai,

c’est comment”, une série de courts témoignages de personnes qui ont raconté à Die Zeit, de l’intérieur, ce qui fait le prix de leur métier ou de leur passion.

Les engins volants font partie des plus belles inventions de l’humanité. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu devenir pilote professionnel, et mon rêve s’est réalisé un beau jour de 1992 – la formation est d’ailleurs plus simple qu’on le croit.

Un équipage à l’aéroport international de Chicago en mai 2023. . PHOTO JAMIE KELTER DAVIS/THE NEW YORK TIMES
Un équipage à l’aéroport international de Chicago en mai 2023. . PHOTO JAMIE KELTER DAVIS/THE NEW YORK TIMES

Mais, si le climat était autrefois le cadet de mes soucis, mon inquiétude grandit à mesure que les années passent.

Aujourd’hui, je suis convaincu qu’il faut sauver l’aéronautique de ses propres démons.

À commencer par la construction des avions, qui sont conçus pour voler non pas le plus efficacement possible, mais le plus vite possible – alors qu’ils pourraient tout à fait circuler à vitesse réduite, ce qui permettrait d’économiser du carburant.

On pourrait aussi construire des avions à hydrogène, mais personne ne le fait, car les taxes sur le kérosène ne sont pas suffisamment dissuasives.

Pourtant, les émissions des avions à haute altitude sont trois fois plus nocives pour la planète que celles des moteurs diesel ou du chauffage au fioul au niveau du sol.

Sur le tarmac de l’aéroport international Logan de Boston (Massachusetts), en janvier 2023. . PHOTO VANESSA LEROY/THE NEW YORK TIMES
Sur le tarmac de l’aéroport international Logan de Boston (Massachusetts), en janvier 2023. . PHOTO VANESSA LEROY/THE NEW YORK TIMES

Tout arrêter ?

De nombreux pilotes partagent mon avis. Ils mangent végan, ne prennent plus l’avion pour partir en vacances, boivent dans une gourde réutilisable.

Mais personne n’ose en parler ouvertement – par peur des patrons et des collègues. Et je ne vaux pas mieux.

Mais si nous n’abordons presque jamais ce genre de sujets dans le cockpit, c’est pour une autre raison : nous devons pouvoir compter à 100 % les uns sur les autres, car chaque vol comporte son lot de pépins. Un problème avec le personnel au sol, un passager malade, une crise au sein de l’équipage, un orage imprévu, un moteur en feu… autant d’obstacles qu’il faut surmonter en équipe.

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