États-Unis: le procès du fils de Joe Biden, Hunter, s'ouvre en pleine campagne électorale

C'est un épisode inédit et risqué pour la campagne du président américain Joe Biden: le procès pour détention illégale d'arme de son fils, Hunter, s'ouvre ce lundi 3 juin devant un tribunal fédéral.

Avec un passé semé d'addictions et d'anciennes affaires douteuses à l'étranger, Hunter Biden est l'une des cibles privilégiées des adversaires républicains de son père, à commencer par son prédécesseur Donald Trump, qui le considèrent comme le talon d'Achille de Joe Biden. L'ouverture de son procès intervient quelques jours après que Donald Trump a été reconnu coupable de falsifications comptables dans son procès pénal à New York.

· Hunter Biden jugé pour un port d'arme illégal

Hunter Biden, 54 ans, est accusé par des procureurs fédéraux d'avoir menti en remplissant des formulaires pour l'acquisition d'un revolver en 2018, dans lesquels il niait une addiction à la drogue qu'il a reconnue par la suite.

Par ailleurs inculpé pour fraude fiscale dans un autre dossier, il se défend ici de trois chefs d'accusation pour lesquels il a plaidé non coupable en octobre. Un jury de Wilmington, le fief des Biden dans l'Etat du Delaware, dans l'est des Etats-Unis, devra se prononcer sur deux chefs portant sur le remplissage possiblement frauduleux de documents nécessaires à l'achat d'une arme à feu, et un troisième sur la possession illégale de cette arme.

Un accord avec le procureur, couvrant les accusations de détention illégale d'arme à feu mais aussi l'affaire de fraudes fiscales, aurait pu lui permettre d'éviter un procès et potentiellement, la prison. Mais cet accord a été annulé à la suite des doutes émis l'été dernier par une juge sur la validité de l'arrangement.

S'il était reconnu coupable à l'issue de son procès, Hunter Biden pourrait être condamné à un maximum de 25 ans de prison - même si en pratique, peu de condamnés pour des délits similaires vont effectivement derrière les barreaux.

· Les addictions d'Hunter Biden au cœur du procès

Hunter Biden, avocat de formation puis lobbyiste, est tombé dans l'alcoolisme et la drogue avant de sortir de ses tourments. Au cours des deux semaines d'audience prévues, sera sans doute convoqué son livre Les Belles Choses (2021), dans lequel il raconte la vodka bue au goulot, les errances nocturnes en quête de crack autour de supérettes miteuses, les tentatives ratées de désintoxication, d'éphémères amours avec la veuve de son frère...

Hunter Biden affirme en avoir fini avec quatre ans d'addictions en 2019 - c'est-à-dire après l'achat controversé du revolver. Or en 2018, sur un formulaire pour achat d'arme à feu, il s'est décrit comme non toxicomane - une contradiction au coeur de l'argumentaire de l'accusation, estimant qu'il s'agit là d'un mensonge, puni par la loi américaine.

Mais la défense conteste ce mensonge, arguant que Hunter Biden ne s'estimait pas, au moment de remplir le formulaire, toxicomane.

· Un procès à risque pour son père Joe

En pleine campagne électorale, les démocrates n'ont aucun intérêt à ce que l'actualité de ce procès - et d'éventuelles remarques que Joe Biden pourrait lancer aux médias à ce sujet - ne remplace les titres de presse sur la condamnation historique de Donald Trump à New York.

Joe Biden a en effet toujours assuré son fils cadet d'un soutien sans faille, se disant "fier" de lui et allant même jusqu'à affirmer qu'il n'avait "rien fait de mal" lors d'un entretien sur la chaîne MSNBC l'an dernier.

Très protecteur, le président américain a passé le week-end précédant le début du procès avec son fils, souligne l'agence de presse AP. Les deux hommes ont été vus se promener à vélo et se rendre à l'église pour commémorer les neuf ans de la mort de Beau, le fils de Joe Biden emporté par un cancer en 2015.

Les adversaires du dirigeant démocrate tentent de capitaliser sur les ennuis judiciaires d'Hunter Biden pour le fragiliser. Au Congrès, les élus républicains ont ouvert une enquête en destitution contre le président américain, l'accusant d'avoir usé de son influence lorsqu'il était vice-président de Barack Obama (2009-2017) pour permettre à son fils Hunter de faire des affaires en Chine et en Ukraine. Mais aucune preuve n'a vraiment été apportée à ce sujet, et la justice ne l'a pas inculpé à ce propos.

Article original publié sur BFMTV.com