Aux États-Unis, il est possible de porter plainte contre des bandes-annonces jugées mensongères

Ana de Armas, coupée au montage de
Ana de Armas, coupée au montage de

Les studios hollywoodiens peuvent être attaqués en justice pour publicité mensongère si les bandes-annonces de leurs films sont jugés trompeuses, a estimé mardi dernier le juge fédéral Stephen Wilson, rapporte Variety.

Celui-ci a pris cette décision dans le cadre d'une affaire concernant le film Yesterday (2019), comédie musicale de Danny Boyle où un homme se réveille dans un monde où les Beatles n'existent pas.

Deux fans de l'actrice Ana de Armas avaient déposé une plainte en janvier dernier, affirmant avoir loué le film après avoir vu la comédienne dans la bande-annonce. Bémol: coupée au montage, elle n'apparaît pas dans le film.

Une bande-annonce est-elle artistique?

Universal, qui a produit Yesterday, a tenté de rejeter la plainte, affirmant que les bandes-annonces sont protégées par le Premier amendement de la Constitution des États-Unis (qui interdit la limitation de la liberté d'expression).

Pour les avocats d'Universal, une bande-annonce est avant tout "une œuvre artistique" qui raconte en trois minutes une histoire et les thématiques d'un film. Pour cette raison, elle ne doit pas être considérée comme un produit marketing.

Le juge Stephen Wilson a cependant rejeté cet argument: "Universal a raison de dire que les bandes-annonces impliquent de la créativité, mais cette créativité ne l'emporte pas sur leur nature commerciale."

Une compensation de 5 millions?

Il est pourtant courant que les bandes-annonces, souvent réalisées alors que les films ne sont pas terminés, proposent des scènes absentes du montage final. C'était le cas de Jurassic Park, mais aussi de plusieurs Marvel et de Mission Impossible Fallout.

Ana de Armas devait avoir un rôle important dans Yesterday, mais son intrigue a été coupée au montage, car celle-ci ne plaisait pas au public des projections test, a expliqué le scénariste du film Richard Curtis dans plusieurs interviews.

Les plaignants, Conor Woulfe et Peter Michael Rosza, ont tous les deux loués Yesterday sur Prime Video pour la somme de 3,99 dollars. Ils espèrent obtenir une compensation de 5 millions de dollars.

Des spectateurs américains tentent régulièrement d'attaquer des studios pour publicité mensongère. En 2011, une habitante du Michigan avait ainsi déposé une plainte contre Drive, estimant que ce n'était pas... Fast and Furious.

Article original publié sur BFMTV.com