États-Unis : le ministre Alejandro Mayorkas inculpé par des élus, une première en 150 ans

Le ministre de l’immigration Alejandro Mayorkas, ici en novembre 2023, est la cible des républicains en vue de la présidentielle.
SAUL LOEB / AFP Le ministre de l’immigration Alejandro Mayorkas, ici en novembre 2023, est la cible des républicains en vue de la présidentielle.

INTERNATIONAL - Tout un symbole. Les républicains à la Chambre américaine des représentants ont inculpé (procédure d’impeachment en anglais) ce mardi 13 janvier Alejandro Mayorkas, le ministre du président Joe Biden chargé de l’immigration, l’accusant d’avoir provoqué une crise à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

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C’est la première fois en près de 150 ans que le Congrès décide d’une telle sanction contre un ministre. Elle a été votée à 215 voix contre 214, mais sa destitution reste largement improbable, compte tenu de la majorité démocrate au Sénat. Les conservateurs avaient déjà tenté de l’inculper il y a une semaine, mais avaient manqué leur coup d’une poignée de voix, lors d’un vote humiliant.

« C’est l’architecte en chef de la catastrophe », avait accusé plus tôt Mike Johnson, le chef républicain de la Chambre des représentants, qui a tranché sur le sort du ministre de 64 ans en début de soirée.

Un acte « politique », dénonce Biden

Joe Biden a rapidement réagi, en dénonçant, dans un communiqué, un « acte flagrant de politique politicienne qui a pris pour cible un honorable serviteur de l’État ».

« Au lieu d’organiser des mascarades de ce genre, les républicains qui se préoccupent réellement de la frontière devraient demander au Congrès davantage de ressources et de renforcer la sécurité aux frontières », a fustigé le démocrate de 81 ans.

Les chances qu’Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions à l’issue de cette procédure de destitution sont extrêmement faibles, mais la situation n’en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden, à moins de neuf mois de la présidentielle.

L’immigration au cœur de la campagne

Les républicains, pour la plupart proches de l’ancien président Donald Trump à la rhétorique très anti-immigration, accusent le président démocrate d’avoir laissé le pays se faire « envahir », prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre.

Les démocrates balayent cette procédure d’un revers de main, accusant les républicains de faire du ministre un bouc émissaire en pleine année électorale.

La dernière inculpation d’un ministre par le Congrès remonte à... 1876. Le ministre de la Guerre William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution. La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un ministre, ou des juges fédéraux en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ».

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