États-Unis: une exécution prévue avec un nouveau mode d'inhalation fait polémique en Alabama

L'État américain va utiliser une nouvelle méthode de mise à mort, l'hypoxie à l'azote, qui consiste a faire respirer au condamné de l'azote, ce qui provoque une asphyxie. L'ONU condamne ce procédé et évoque de la "torture."

Une exécution condamnée. Ce mercredi 24 janvier, la Cour suprême des États-Unis a refusé de suspendre l'exécution d'un détenu en Alabama, alors que l'État s'apprête à utiliser ce jeudi 25 janvier une nouvelle méthode, l'hypoxie à l'azote.

Ce sera la première fois que cette méthode sera utilisée pour exécuter un condamné à mort. Elle consiste à placer un masque sur le condamné et à lui faire respirer de l'azote, ce qui provoque une asphyxie.

Les juges de la Cour suprême ont rejeté la demande de Kenneth Smith, qui souhaitait obtenir un sursis à son exécution. Les avocats de Kenneth Smith avaient demandé à la Cour suprême d'intervenir avant l'exécution de leur client, faisant valoir que le protocole prévu par l'Alabama était "récent et n'avait pas été testé" et que l'hypoxie à l'azote était "une nouvelle méthode d'exécution qui n'a jamais été essayée par aucun État ou par le gouvernement fédéral".

Le procureur général de l'Alabama, le républicain Steve Marshall, a de son côté déclaré dans un document que cette méthode était "peut-être la méthode d'exécution la plus humaine jamais conçue".

Première exécution avortée en 2022

L'exécution de Kenneth Eugene Smith, définitivement condamné en 1996 à la peine capitale pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, sera la première de l'année aux États-Unis, où 24 ont été réalisées en 2023, toutes par injection létale.

La gouverneure républicaine de cet État du sud-est du pays, Kay Ivey, a fixé à jeudi 6 heures, horaire local, le début de la période de 36 heures pendant laquelle l'exécution peut se tenir.

Une précédente tentative d'exécution de Kenneth Eugene Smith par injection létale, le 17 novembre 2022, avait été annulée in extremis, les perfusions intraveineuses pour lui injecter la solution mortelle n'ayant pu être posées dans le temps légalement imparti, après "avoir été attaché plusieurs heures", selon ses avocats. L'Alabama est l'un des trois États américains autorisant les exécutions par inhalation d'azote, dans lequel le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d'oxygène).

Kenneth Smith a également été condamné une première fois à la peine de mort mais le procès avait été annulé en appel. Lors de son second procès en 1996, les jurés s'étaient divisés sur la sentence: 11 sur 12 avaient recommandé une peine de prison à perpétuité.

L'ONU l'assimile à de la torture

À l'annonce de la Cour suprême américaine, de nombreux militants contre la peine de mort et d'Amnesty International se sont réunis dans les rues de Montgomery, capitale de l'Éta, afin de protester contre cette décision.

Pour sa part, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme (HCDH) s'est dit "alarmé" le 16 janvier par cette exécution programmée "au moyen d'une méthode inédite et non testée, l'hypoxie à l'azote".

Cela "pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international", a prévenu une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, appelant à un sursis à cette exécution.

Le protocole d'exécution par hypoxie à l'azote de l'Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l'Association américaine vétérinaire (AVMA) recommande d'administrer un sédatif aux animaux, même de grande taille, lorsqu'ils sont euthanasiés de cette façon, a souligné la porte-parole.

Article original publié sur BFMTV.com

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