Qui était vraiment Leonard Bernstein ?

Leonard Bernstein dirige l'Orchestre national de France, salle Pleyel, à Paris, en novembre 1981.  - Credit:Patrick Roche/Sipa
Leonard Bernstein dirige l'Orchestre national de France, salle Pleyel, à Paris, en novembre 1981. - Credit:Patrick Roche/Sipa

« Nous vivions sous la botte de cet enfoiré de Nixon, l'un des plus grands escrocs de tous les temps », déclarait sans colère et avec amusement Leonard Bernstein. Compositeur de West Side Story, directeur de l'orchestre philharmonique de New York, pianiste génial, il était d'autant plus populaire qu'il était sympathique.

Bradley Cooper lui consacre d'ailleurs un biopic élégant, Maestro, diffusé par Netflix depuis le 20 décembre. Une bonne initiative, qui donne de la vigueur à la postérité d'un des musiciens les plus intéressants du XXe siècle. Comme tous les grands artistes, ceux qui dépassent la forme où ils excellent, Leonard Bernstein était plus qu'un symbole, c'était une idée à lui tout seul.

Une idée que l'Amérique la plus réactionnaire a combattu sans motif, en faisant de lui une des premières victimes de cette vague universelle de méchanceté aujourd'hui incarnée par ce tapir bouffi de Donald Trump, mais qui a commencé dès les années 1960. C'est un des sujets abordés par le musicien mort en 1990, dans son dernier entretien donné en 1989 à Jonathan Cott, publié sous le titre Dîner avec Lenny.

Perpétuation de l'enfance

Il suffit de voir Leonard Bernstein diriger pour en tomber amoureux. Les traits martiaux de son visage sont contredits par un regard malicieux, un sourire dont il ne se départait jamais, et qui d'ailleurs s'élargissait quand il contemplait son orchestre en train de jouer Beethoven, Mahler, Gershwin (qu'il aurait rêvé d'être), Gould au piano [...] Lire la suite