Éric Ruf : « Puccini est infiniment théâtral »

« Ça envoie, c'est dingue ! », nous lance Éric Ruf, l'administrateur général de la Comédie-Française, enthousiasmé par la beauté de la musique de Puccini et le talent des chanteurs, après une répétition de La Bohème au théâtre des Champs-Élysées. En sortant du spectacle quelques jours plus tard, on ne peut que lui donner raison.

Dingue en effet, la splendeur musicale de cette production : l'Orchestre national de France qui chatoie sous la direction de Lorenzo Passerini, la Mimi tantôt fougueuse tantôt délicate campée par la soprano italienne Selene Zanetti, et un Rodolfo d'exception, le ténor samoan Pene Pati qu'on entendra cet été au Festival d'Aix-en-Provence dans Lucia di Lamermoor et dont la puissance vocale évoque le jeune Luciano Pavarotti.

Si cette Bohème éblouit, c'est aussi par sa mise en scène. « J'aime correspondre à ce que les gens attendent sans le leur donner tout à fait, explique Éric Ruf. Je ne veux pas créer une déception de départ. Avec La Bohème, on a envie des décors, des costumes, de neige… Que ce soit beau. » Et comme c'est beau !

L'action est située dans un théâtre dont Rodolfo et ses camarades de misère repeignent le rideau. Dans les scènes d'extérieur, le paysage surmonté d'une lune fellinienne a des allures de Cinecittà désertée. Au café Momus, les lumières chaudes et la robe orangée de Musetta (Amina Edris) évoquent un tableau de Toulouse-Lautrec.

Magnifique directeur d'acteurs, Éric Ruf réussit aussi bien les scènes de camaraderie p [...] Lire la suite