Éric Ciotti président des Républicains, avec un projet (très) proche de celui de Marine Le Pen

Éric Ciotti, élu président des Républicains, partage de très nombreuses propositions avec Marine Le Pen.
Éric Ciotti, élu président des Républicains, partage de très nombreuses propositions avec Marine Le Pen.

POLITIQUE - C’est fait. Éric Ciotti est désormais le président des Républicains. Il s’est imposé (sans grande surprise) face à Bruno Retailleau, en récoltant 53,7 % des voix. Les 91 000 militants LR ont donc comme chef le député des Alpes-Maritimes qui, outre sa volonté de faire de Laurent Wauquiez le candidat de la droite en 2027, a aussi soumis un projet lors de cette élection interne.

Un document de 10 pages qui définit ce qui sera désormais la ligne officielle du parti de la rue Vaugirard, et que Le HuffPost a disséqué. Et ce qui saute aux yeux, ce sont les (très) nombreux points que Les Républicains ont désormais en commun avec le Rassemblement national. Et plus précisément avec le projet présenté par Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle.

Immigration et sécurité en copier-coller

Baptisé « La droite au cœur », le projet met l’accent sur l’immigration, et avec des propositions paraissant copiées sur celles de la députée du Pas-de-Calais. Suppression du droit du sol, « expulsion immédiate de tous les immigrés clandestins », suppression du regroupement familial, de l’Aide médicale d’État… Tout ceci figure à la fois dans la feuille de route de l’élu provençal, et dans le programme de Marine Le Pen.

Même chose sur la sécurité. Éric Ciotti veut le rétablissement des peines plancher, et « un encadrement de type militaire pour tous les mineurs délinquants ». Tout comme Marine Le Pen qui, sans parler de militaires, proposait « au moins un centre éducatif fermé par département », pour les mineurs délinquants.

Sur ce même sujet, le député des Alpes-Maritimes veut priver de prestations sociales les parents de délinquants mineurs. Ce qui résonne avec la proposition faite par la députée du Pas-de-Calais, qui voulait « supprimer les allocations familiales des familles de délinquants, les expulser des logements sociaux ».

L’élu niçois propose également de créer 30 000 places de prison en cinq ans. Ce qui correspond à l’objectif fixé par Marine Le Pen, qui promettait d’atteindre les 85 000 places au total à l’horizon 2027, contre 60 000 aujourd’hui.

Sans surprise, le projet du président des Républicains et celui de l’ex-candidate RN à la présidentielle convergent également sur l’islam. Comme Marine Le Pen, Éric Ciotti entend interdire le port du voile « dans les services publics, pour les accompagnants scolaires et à l’université » ainsi que « le port du burkini ».

Quand Ciotti va plus loin que le RN

Notons que le sur le sujet civilisationnel, le patron des LR va plus loin que l’ex-présidente du RN, puisqu’il propose d’inclure les « racines chrétiennes » dans la Constitution. Si Marine Le Pen a plusieurs fois évoqué ce concept, elle ne va pas jusqu’à proposer une modification constitutionnelle en ce sens.

Autre point sur lequel Éric Ciotti va plus loin que le RN : la sortie de la Cour européenne des droits de l’Homme. Si Marine Le Pen a souvent décrit cette juridiction comme « une camisole », elle juge désormais qu’il n’est plus « utile » d’en sortir.

Le successeur de Christian Jacob partage en revanche avec Marine Le Pen plusieurs propositions liées à l’école, comme la priorité donnée aux « savoirs fondamentaux » (mathématiques, français et histoire) et l’instauration de l’uniforme. Idem sur la santé. Pour lutter contre les déserts médicaux, les deux entendent multiplier les maisons de santé et mettre fin au numerus clausus.

Seule différence à ce sujet, Marine Le Pen veut la suppression des ARS, quand Éric Ciotti entend « débureaucratiser l’hôpital et la médecine libérale ». L’environnement offre quelques menues divergences entre le nouveau chef des LR et la présidente du groupe RN à l’Assemblée. Marine Le Pen prône par exemple un moratoire sur l’éolien, quand Éric Ciotti veut soumettre tout nouveau projet d’installation à référendums.

Sur le plan économique, les deux partagent également la volonté d’interdire l’importation de produits qui ne respectent pas nos normes de production et entendent valoriser les circuits courts. Ce que Marine Le Pen appelle le « localisme ».

À des échelles certes différentes, les deux proposent les mêmes remèdes pour accroître le pouvoir d’achat et lutter contre le chômage, comme la baisse des cotisations patronales, dans le but, comme le formule Éric Ciotti, de « rapprocher le salaire net du salaire brut ».

La fracture des retraites

Pour autant, c’est bien sur ce volet économique qu’il existe des différences notables. Sur les retraites par exemple, Éric Ciotti veut repousser l’âge légal du départ à 65 ans, et porter la durée de cotisation de 43 à 45 ans, là où Marine Le Pen veut que les travailleurs puissent partir à la retraite dès 43 annuités, y compris à l’âge de 60 ans.

Autre exemple : Éric Ciotti ne propose pas de baisse de la TVA sur les produits énergétiques et les biens de première nécessité, ni l’exonération de l’impôt sur le revenu, comme le prône Marine Le Pen.

Mais sur les successions en revanche, l’un comme l’autre veulent supprimer les impôts de succession. Même chose sur l’impôt sur la fortune immobilière, que les deux veulent supprimer. Ce qui montre qu’au-delà de l’immigration et la sécurité, Les Républicains partagent désormais tout un panel de mesures avec le Rassemblement national.

Et même sur le concept-clé du RN, ancré dans son ADN depuis les années Jean-Marie Le Pen : la préférence nationale pour l’accès à l’emploi ou aux logements sociaux. Si cette notion est absente du projet que le président des Républicains a défendu durant cette campagne interne, il n’avait pas hésité à la reprendre lors de la primaire LR.

« Je veux instaurer une priorité nationale et communautaire européenne sur l’emploi, les allocations et le logement », expliquait-il à l’automne 2021. Un an plus tard, le voici président d’un parti qui continue, malgré tout, à ne pas envisager d’alliance avec la droite extrême. Tiendra-t-il cette promesse ?

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