Émeutes : Couvre-feu, kermesses... Les mesures des villes avant une nouvelle nuit redoutée

Lors des émeutes après la mort de Nahel, dans le quartier de la cité Pablo Picasso à Nanterre, dans la nuit du 29 au 30 juin 2023.
Lors des émeutes après la mort de Nahel, dans le quartier de la cité Pablo Picasso à Nanterre, dans la nuit du 29 au 30 juin 2023.

ÉMEUTES - En réponse aux violences survenues depuis la mort mardi de Nahel à Nanterre, plusieurs villes prennent les devants ce vendredi 30 juin avant une nouvelle nuit redoutée.

Des violences urbaines ont notamment éclaté dans de nombreuses villes d’Île-de-France lors des deux nuits suivant la mort du jeune homme de 17 ans, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier après un refus d’obtempérer. Le gouvernement a de son côté annoncé le déploiement de blindés et l’annulation de grand événéments.

• Île-de-France

Des couvre-feux ont été mis en place dans plusieurs villes d’Île-de-France, comme à Clamart, Meudon, Neuilly-sur-Marne ou Savigny-le-Temple.

Tous les bus et tramways seront par ailleurs interrompus à 21 heures au plus tard « tous les soirs jusqu’à nouvel ordre », a annoncé ce vendredi Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité chargée d’organiser les transports dans la région capitale.

Cette mesure est prise « pour la sécurité des agents et des voyageurs », a expliqué IDFM. Une mesure similaire avait été mise en place dès jeudi soir alors que la veille, six bus et un tramway avaient été incendiés et d’autres bus caillassés dans différentes villes de la région parisienne.

Le concert de Mylène Farmer prévu ce vendredi soir au Stade de France, à Saint-Denis, a lui été annulé.

• Paris

Dans la capitale, le métro fermera ses portes aux mêmes horaires qu’en semaine vendredi et samedi soir, soit une heure plus tôt qu’à l’accoutumée, vers 1 heure du matin, « à la demande de la préfecture de police », a indiqué Île-de-France Mobilités.

De son côté, la mairie de Paris a activé sa cellule de crise ce vendredi matin, a annoncé BFMTV. Les élus et les directions des services concernés sont réunis afin d’établir un point sur la situation. Des mesures devraient être annoncées d’ici le début de soirée.

La cellule de crise est déclenchée lors d’événements ou de situations graves nécessitant une réaction rapide. Ce fut par exemple le cas lors du mouvement des gilets jaunes ou lors de la grève des éboueurs.

À noter que la troisième et dernière soirée du festival Fnac Live, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, a été annulée, selon une information de BFMTV.

• Fêtes annulées en collèges et lycées dans l’académie de Versailles

Autre mesure préventive : toutes les fêtes dans les collèges et lycées de l’académie de Versailles, la plus grosse de France, sont annulées jusqu’à la fin de l’année scolaire, tandis que le maintien des kermesses, pour les écoles, sera décidé « au cas par cas », selon un message ce vendredi de l’académie envoyé aux chefs d’établissement.

La décision a été prise « dans le contexte actuel de fortes tensions suite au drame de Nanterre », selon le message de la rectrice, dont l’AFP a obtenu copie. L’académie de Versailles comprend quatre départements de banlieue parisienne, dont les Hauts-de-Seine où se trouve la ville de Nanterre.

Pour les seuls Hauts-de-Seine, « tous les événements devant se dérouler hors du temps scolaire », dont les kermesses et fêtes, sont annulés ce vendredi, selon un autre message du directeur de l’Éducation nationale dans le département (DASEN). « Dans le premier degré, une réévaluation sera faite en début de semaine prochaine », est-il précisé.

Contacté par l’AFP, le ministère de l’Éducation nationale indique qu’il n’y a « pas de consigne nationale donnée » aux établissements scolaires concernant l’organisation des fêtes de fin d’année.

La fin juin concentre traditionnellement les fêtes de fin d’année dans les écoles maternelles, élémentaires, les collèges et les lycées.

• Lyon

La préfecture de Lyon a interdit toute manifestation, alors que des appels à des rassemblements vendredi à 20h00 dans 18 grandes villes « contre le racisme, les crimes et les violences policières » sont largement relayés sur les réseaux sociaux depuis deux jours.

Toutes les lignes de tramway et de bus seront à l’arrêt à partir de 20 heures ce vendredi, jusqu’à la fin du service. La station de métro Hôtel de Ville sera elle aussi fermée dès 20 heures, à cause de la tenue d’une manifestation contre les violences policières.

La vente et la détention de carburant en récipient, de produits inflammables, d’artifices ou d’articles pyrotechniques sont par ailleurs interdites depuis jeudi soir.

• Marseille, Lille, Tours, régions...

À Marseille, la préfète de police a décidé d’interdire toute manifestation revendicative dans le centre-ville ce vendredi soir, de faire stopper tous les réseaux de transport en commun de la ville à partir de 19 heures et d’interdire par arrêté le port et transport d’artifices ainsi que tout objet susceptible d’être utilisé comme une arme par destination, selon des informations de BFMTV.

La ville de Marseille a aussi « fait retirer les trottinettes et les vélos en libre-service de l’espace public dans le centre-ville afin d’éviter au maximum les situations de dégradation ou d’incendie », selon un tweet de l’adjointe à la politique de la ville et des mobilités Audrey Gatian.

Dans l’Oise, les communes de Beauvais et Compiègne ont imposé depuis jeudi un couvre-feu, de 22 heures à 6 heures jusqu’à lundi matin pour les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés d’un parent ou représentant légal. Ce sera aussi le cas à Amiens dans la Somme. Dans la commune de Denain (Nord), il sera interdit de circuler à partir de 20 heures ce vendredi soir.

La maire PS de Lille Martine Aubry s’est elle prononcée contre l’idée d’un couvre-feu nocturne, qui risquerait selon elle d’attiser encore plus la colère. « Un couvre-feu n’a de sens que si on est capables de le faire respecter. Faire un couvre-feu qui va rendre les gens énervés, fous furieux, et des gamins qui vont dire “on va quand même y aller”, et ne pas être capables, c’est encore la République qui recule », a-t-elle expliqué. Elle a indiqué préférer « être sur le terrain avec les agents ».

À Lille, Tours ou Clermont-Ferrand, les transports en commun avaient été mis à l’arrêt depuis jeudi soir, par précaution et sur les conseils des autorités. Comme à Lyon et Marseille, les municipalités de Bordeaux et Montpellier ont interdit les manifestations en centre-ville ce vendredi soir.

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