Élections européennes: la reconnaissance d'un État palestinien crée un clivage chez les têtes de liste

Faut-il, comme l'Espagne, l'Irlande, et de nombreux autres pays, reconnaître l'État palestinien, alors que l'armée israélienne mène une riposte meurtrière dans la bande de Gaza depuis les attaques du 7 octobre? Interrogées ce lundi 27 mai sur BFMTV lors du grand débat des élections européennes, les huit principales têtes de liste ont fait part de leurs différences, réaffichant un clivage droite-gauche.

Les représentants du PS, de LFI et d'EELV ont se sont ainsi prononcés favorablement à la reconnaissance d'un État palestinien aux côté de l'État d'Israel. A contrario, de Renaissance, du RN, de Reconquête et des Républicains.

Friture sur la ligne à Renaissance

La candidate Renaissance a tenu la ligne politique d'Emmanuel Macron et du gouvernement sur le Proche-Orient. Elle est pour une "solution à deux États" entre Israël et la Palestine mais affirme les "conditions ne sont pas réunies aujourd'hui" pour la reconnaissance d'un État palestinien.

Selon elle, cette reconnaissance profiterait au Hamas, qu'elle considère comme une "organisation terroriste".

Valérie Hayer se différencie donc du n°2 de la liste Renaissance, Bernard Guetta, qui s'est prononcé pour une reconnaissance par la France de "l'existence d'un État palestinien".

L'extrême droite n'en veut pas pour le moment

Le candidat du Rassemblement national concède que "la position historique de la France est celle de reconnaître deux États".

"Mais en l’état actuel des choses, cette reconnaissance est impossible parce que reconnaître aujourd’hui un État palestinien reviendrait à légitimer le Hamas islamiste", lance Jordan Bardella.

Interrogée sur le sujet, Marion Marchéal s'est surtout inquiétée des "conséquences de ce conflit sur le sol français".

"J'ai toujours défendu le principe de deux États parce que ça me semblait la solution la plus raisonnable. Le souci aujourd'hui c'est que créer un État palestinien c'est créer un semi État islamique", déclarait aussi début avril sur le plateau de Franceinfo la candidate de Reconquête. "On ne peut pas se permettre de créer un État palestinien tant que le Hamas n'a pas été éradiqué", plaidait-elle.

Lorsqu'elle était députée à l'Assemblée nationale entre 2012 et 2017, Marion Maréchal s'était d'ailleurs abstenue lors du vote du 12 décembre 2014 de la proposition de résolution portant sur la reconnaissance de l'État palestinie. Ce texte avait été largement adopté grâce à la majorité de députés PS de l'époque, mais n'avait jamais été mis en œuvre par le président de la République François Hollande.

La gauche unie sur cette question

La France insoumise est depuis plusieurs semaines la force politique française qui essaye de faire de Gaza un thème central de ces élections européennes. Lors du débat organisé sur BFMTV, Manon Aubry s'est dite une nouvelle fois favorable à la reconnaissance d'un État palestinien. "Il y a un massacre qui est en cours. Il y a un camp humanitaire qui a été pris pour cible par le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Et vous n'en tirez pas les conséquences?" a-t-elle notamment lancé à Valérie Hayer, en référence au bombardement d'un camp à Rafah. La candidate de La France insoumise plaide aussi pour que des sanctions soit mises en place contre le gouvernement israélien et un embargo sur l'envoi d'armes vers Tel-Aviv.

Le candidat communiste a rappelé son engagement pour une solution à deux États et la reconnaissance de la Palestine.

"Il faut être en capacité et de dénoncer bien évidemment unanimement, l’attaque terroriste islamiste du Hamas du 7 octobre et demander que Benyamin Netanyahu cesse les bombardements contre le peuple palestinien", plaide Léon Deffontaines.

"Oui, il faut reconnaître l’État de Palestine", a déclaré la candidate écologiste. Marie Toussaint a fustigé l’absence de l'Union européenne sur ce dossier, qui devrait plaider plus fortement, selon elle, pour "une solution à deux États, pour être garante des accords d’Oslo, pour réussir à le faire vivre, imposer un cessez-le-feu immédiat et évidemment la libération des otages".

Comme les autres candidats de gauche, le représentant de la liste Parti socialiste - Place publique a plaidé pour la reconnaissance d'un État palestinien. "Ce moment est venu", a lancé Raphaël Glucksmann sur le plateau de BFMTV.

"Il faut à un moment donné reconnaître l'État palestinien, il faut qu'il y ait une perspective politique offerte aux Palestiniens dont les droits sont niés depuis des décennies", a lancé Raphaël Glucksmann sur le plateau de BFMTV.

François Xavier-Bellamy l'envisage "un jour"

La reconnaissance d'un État palestinien n'entre pas dans le champ de compétences de l'Union européenne. Mais le Parlement de Strasbourg et de Bruxelles prend régulièrement position sur les grandes questions internationales, par le vote de résolutions.

Le Parlement européen avait ainsi appelé le jeudi 18 janvier à un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et à la relance du processus de paix, à condition que les otages israéliens soit libérés par le Hamas et que le mouvement islamiste soit démantelé.

Comme Jordan Bardella, le candidat des Républicains estime que reconnaître la Palestine, "ce serait donner raison à ceux qui ont déclenché l’enfer du 7 octobre, c’est-à-dire le Hamas et ceux qui aujourd’hui créent l’enfer que subit la population palestinienne". Toutefois, François-Xavier Bellamy affirme qu'"il faudra un jour une solution à deux États".

Article original publié sur BFMTV.com