Élection présidentielle en Russie : tout ce qu’il faut savoir à un mois du scrutin

Vladimir Poutine, ici en visite à l’usine de forge et de presse de Chelyabinsk, en Russie, le 16 février 2024.
ALEXANDER RYUMIN / AFP Vladimir Poutine, ici en visite à l’usine de forge et de presse de Chelyabinsk, en Russie, le 16 février 2024.

RUSSIE - L’actualité politique est particulièrement riche en Russie ces dernières heures. Après la mort de l’opposant Alexeï Navalny en prison vendredi, s’ouvre officiellement ce samedi 17 février la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle un mois plus tard.

Mort de Navalny : Entre Poutine et son premier opposant, plus de dix ans de procès et de batailles

Le 7 décembre, la chambre haute du Parlement russe avait annoncé que le premier tour se déroulera du 15 au 17 mars. Le vote sur plusieurs jours avait été présenté par les autorités comme une façon de réduire le risque de contagion lors de la pandémie de Covid-19, mais cette procédure a été maintenue, depuis, lors de plusieurs scrutins nationaux et régionaux.

Si toutefois aucun candidat ne recueille plus de la moitié des voix au premier tour, un second tour aura lieu le 7 avril, ce qui n’a pratiquement aucune chance de se produire.

Poutine au Kremlin jusqu’en 2036 ?

Sans surprise, les candidats seront peu nombreux sur la ligne de départ, sur laquelle Vladimir est promis à prendre toute la place. Le président, qui a déjà passé presque un quart de siècle au pouvoir, avait annoncé le 8 décembre qu’il était de nouveau candidat car il n’avait pas « d’autre choix ».

Depuis une réforme constitutionnelle controversée adoptée en pleine pandémie en 2020, Vladimir Poutine, 71 ans, a la possibilité de se présenter - et donc de se maintenir au Kremlin - jusqu’en 2036. Sa large réélection dès le premier tour le 17 mars ne fait aucun doute - comme en 2018 (77 %) -, tant aucun rival ne paraît en mesure de lui barrer la route : presque tous les opposants d’envergure ont déjà été emprisonnés ou poussés à l’exil. Quand ils ne sont pas morts, comme Alexeï Navalny, dont le décès dans sa prison dans le nord de la Sibérie a ulcéré les pays occidentaux vendredi.

« L’affaire n’entachera pas la campagne présidentielle de Vladimir Poutine. Ses opposants ont par ailleurs été écartés de la campagne électorale. On ne pourra donc pas entendre leurs voix se scandaliser du traitement d’Alexeï Navalny en prison qui a occasionné sa mort », commente pour Le HuffPost Carole Grimaud-Potter, spécialiste de la géopolitique de la Russie et professeure à l’Université de Montpellier.

Le seul opposant en lice a vu sa candidature rejetée

Boris Nadejdine, seul opposant à Poutine et à son offensive en Ukraine à s’être présenté, a vu sa candidature rejetée par la Commission électorale le 8 février. Elle lui reproche des irrégularités dans la collecte des 100 000 signatures d’électeurs le soutenant. Ce vétéran discret de la vie politique, qui canalise les espoirs des Russes opposés à la politique du Kremlin, a indiqué vouloir contester en justice le rejet de sa candidature. Mais ses chances de succès sont quasi-nulles.

En Russie, cinq partis peuvent présenter des candidats sans avoir besoin de fournir de signatures de parrainage citoyen : Russie unie, Russie juste, le Parti libéral-démocrate, le Parti communiste et Nouveau Peuple. Les trois autres candidats officiels pour l’élection à venir représentent les trois derniers.

Leonid Sloutsky, 52 ans, qui a rapidement précisé ses intentions en prédisant une victoire « énorme » de... Vladimir Poutine, se présente sous l’étique du Parti libéral-démocrate. Si son parti constitue en théorie celui de l’opposition parlementaire, en réalité, il se range derrière le président.

Nikolaï Kharitonov, 75 ans, représente lui le Parti communiste, qui avait fait 12 % au premier tour il y a six ans. Là encore, cette candidature n’en est pas vraiment une puisque le parti soutient lui aussi la politique du Kremlin. « Je ne peux pas dire que je vaux mieux que Poutine », avait par exemple sagement déclaré Kharitonov fin décembre, comme le rapporte Francetvinfo.

Enfin, Vladislav Davankov, 39 ans, candidat de Nouveau Peuple, est celui qui apparaît le plus opposé à Poutine. Cet homme d’affaires, qui a récolté 5 % des voix lors de l’élection du maire de Moscou l’année dernière, milite notamment pour une liberté accrue pour les entreprises, un allégement des démarches administratives et une décentralisation économique du pays. Dans ses déclarations, il prend toutefois bien soin de ne pas froisser le président russe, ou préfère rester ambigu comme sur l’invasion de l’Ukraine, pour laquelle il ne préfère pas dévoiler sa position.

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