Élection américaine: Joe Biden confronté à un vote contestataire pour sa politique à Gaza
Une guerre entre Israël et le Hamas qui a des répercussions jusque dans les urnes aux États-Unis et qui perturbe la campagne de réélection de Joe Biden face à son rival Donald Trump. Si le président n'a fait face à aucune opposition ce mardi 5 mars lors du Super Tuesday et a remporté l'ensemble des 15 États votants pour les primaires ce jour-là, un certain boycott a eu lieu dans sept États.
Dans l'Alabama, le Colorado, l'Iowa, le Massachusetts, la Caroline du Nord, le Tennessee et le Minnesota, des électeurs ont décidé de voter blanc afin d'exhorter le président des États-Unis à instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, sous les bombes israéliennes depuis le 7 octobre, rapporte Reuters.
40.000 votes blancs dans le Minnesota
Dans le Minnesota, l'un des États avec la plus grande part de la population musulmane du pays, plus de 40.000 personnes ont glissé un bulletin blanc dans l'urne. Soit environ, 20% de vote blanc selon les résultats partiels donnés dans la nuit de mardi à mercredi.
C'est une "victoire" pour ce mouvement, selon la responsable de l'association "Uncommitted Minnessota"("Minnesota non-engagé"), Asma Nizami.
Des étudiants, des femmes des banlieues et des militants juifs libéraux faisaient partie de ceux qui se sont joints aux Américains musulmans pour voter "sans engagement", d'après Edison Research. La position de Washington dans la guerre, dans la lignée de la position historique des États-Unis envers Israël, se heurte également au sceptisisme des plus jeunes.
Le soutien de Joe Biden à Benjamin Netanyahu -même si ce dernier hausse le ton ces derniers jours face à la situation humanitaire toujours plus catastrophique dans l'enclave palestinienne- avait également été sanctionné dans le Michigan lors des primaires démocrates le 27 février dernier. Un peu plus de 100.000 personnes avaient mis l'équivalent d'un vote blanc dans les urnes.
Ces votes de protestation sont "une déclaration très puissante [...] sur le chemin de la victoire pour les démocrates en novembre", a prévenu la figure démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, comme le rappelle Axios. La sénatrice Elizabeth Warren a quant à elle affirmé que ces votes indiquent que les États-Unis doivent "être plus durs avec Netanyahou et Israël".
Des élus démocrates pro-israéliens pour un cessez-le-feu
Les électeurs ne sont pas les seuls à désapprouver la position de Washington dans la guerre entre Israël et le Hamas. Début janvier, un haut responsable du ministère américain de l'Éducation, Tariq Habash nommé par Joe Biden, a démissionné, disant ne pas pouvoir "représenter une administration qui n'accorde pas la même valeur à toutes les vies humaines".
En ce début mars, plusieurs dizaines de démocrates, modérés et pro-israéliens de la Chambre des représentants ont adressé une lettre au président pour réclamer un cessez-le-feu temporaire, relate Axios. Signe de l'appréhension croissante des démocrates à l'égard du conflit qui a tué au moins 30.717 personnes dans la bande de Gaza selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Toutefois si Joe Biden affichait davantage de soutien aux Palestiniens en se détournant d'Israël, cela pourrait lui valoir un flot de critiques avant les élections.
"Je pense que le président serait politiquement vulnérable face à certains démocrates conservateurs et certainement aux républicains s'il leur permettait de le présenter comme quelqu'un qui n'est pas assez sympathique à ce que les Israéliens ont souffert", a déclaré Aaron David Miller, ancien diplomate du Département d'Etat qui a conseillé les présidents précédents sur la politique au Moyen-Orient à la radio américaine NPR en janvier dernier.
À noter que d'après un sondage réalisé fin février par le Centre d'études politiques américaines (CAPS) de Harvard et Harris Insights and Analytics, plus de quatre électeurs sur cinq (tant démocrates que républicains) soutiennent Israël dans le conflit avec le Hamas et deux électeurs sur trois ne soutiendraient un cessez-le-feu que si le Hamas libérait tous les otages et était écarté du pouvoir.
Dans un autre sondage, réalisé par l'institut de recherche Norc pour l'agence de presse américaine Associated Press, 50% des adultes interrogés estimaient en janvier que la réponse militaire israélienne était allée trop loin. Un avis partagé par 62% des démocrates et 33% des républicains.