Élan collectif, style de jeu, cas Mbappé… comment Luis Enrique a fait régner le PSG cette saison en Ligue 1
C’est sans doute la meilleure recrue de l’été dernier. Celle qui a permis au PSG de repartir sur d’autres bases, après l’ère des superstars incarnée par Neymar, Lionel Messi ou Sergio Ramos. Fort de son charisme, son expérience et ses certitudes tactiques, Luis Enrique a changé le visage des Parisiens dès sa première saison sur le banc. Et de manière spectaculaire.
Avec un groupe fortement rajeuni, le défi était pourtant de taille. Mais le technicien espagnol, soutenu par sa direction, l’a brillamment relevé. Tout au long du championnat, son équipe n’a cessé de monter en puissance, à l’image de Vitinha, Bradley Barcola ou Ousmane Dembélé.
Au terme d’un exercice séduisant, Paris a logiquement décroché le douzième titre de son histoire en Ligue 1, lors de la 31e journée de Ligue 1, grâce à la défaite de Monaco sur la pelouse de l'OL. Le troisième d’affilée, mais surtout le premier de ce nouveau chapitre enthousiasmant. Fidèle à ses préceptes de jeu, Luis Enrique a patiemment préparé ses troupes au fil des mois dans le centre d’entraînement flambant neuf de Poissy (Yvelines). Sans jamais paniquer ni dévier de sa trajectoire.
Un style de jeu affirmé
Son aventure a débuté par un nul à domicile face à Lorient, le 12 août, avec de nombreuses recrues estivales (0-0). Mais déjà l’impression d’un souffle différent par rapport à ses prédécesseurs Mauricio Pochettino et Christophe Galtier. Avec des noms moins clinquants et des profils plus complémentaires, le coach espagnol a façonné un groupe prêt à redoubler d’efforts sur le terrain. Le plus souvent organisé en 4-3-3, mais aussi parfois en 4-2-3-1, 3-4-3 ou 4-1-4-1, son PSG a confisqué le ballon à ses adversaires. Pour imposer son style conquérant, ses redoublements de passes et son pressing haut. Peu importe le scénario du match.
Un entêtement qui a valu à Luis Enrique quelques critiques musclées dans la presse lorsque le spectacle n’était pas au rendez-vous. Mais l’ancien sélectionneur de la Roja n'a pas dévié de son cap. Sûr de ses choix. Hermétique aux turbulences. Il a dû attendre la troisième journée pour s’offrir un premier succès en Ligue 1 face à Lens, le 26 août (3-1), grâce à Marco Asensio et un doublé de Kylian Mbappé. Avant d’être battu par le Nice de Terem Moffi, le 15 septembre au Parc des Princes (2-3). Sa seule défaite de la saison en championnat. Un revers rapidement balayé par la correction infligée à l’OM le 24 septembre (4-0), avec un doublé de Gonçalo Ramos. De quoi lancer une série d’invincibilité nationale toujours en cours sept mois plus tard…
En tête depuis fin novembre
Le PSG a toutefois dû laisser passer la période d’expérimentation de Luis Enrique avant de s’emparer de la tête du classement. Les coéquipiers de Marquinhos sont montés sur le trône après avoir étrillé Monaco le 24 novembre (5-2). Pour ne plus en redescendre. Leur sacre a été forgé par plusieurs autres succès marquants au Parc des Princes, contre Lille (3-1, le 10 février) ou Lyon (4-1, le 21 avril), mais aussi quelques gros coups à l’extérieur, à Lyon (1-4, le 3 septembre), Rennes (1-3, le 8 octobre), Brest (2-3, le 29 octobre) ou Lens (0-2, le 14 janvier).
La plus large victoire de ce PSG 2023-2024 a eu lieu à Montpellier, le 17 mars, avec un triplé de Kylian Mbappé et une masterclass de Vitinha (2-6). Deux semaines plus tard, les Parisiens ont également marqué les esprits en venant s’imposant en infériorité numérique à Marseille (0-2), avec la célébration pleine de chambrage de Gonçalo Ramos face aux tribunes du Vélodrome. Même s’il a concédé le nul à neuf reprises, le club de la capitale a finalement laissé peu d’espoir à la concurrence.
Mbappé, une gestion très commentée
Avec 76 buts inscrits, le PSG possède de très loin la meilleure attaque du championnat à trois journées de la fin. Kylian Mbappé survole le classement des buteurs avec 26 réalisations, loin devant Jonathan David (17 avec Lille) et Alexandre Lacazette (16 avec Lyon). Le cas du capitaine de l’équipe de France a d’ailleurs été l’un des fils rouges de la saison. Écarté durant une partie de la préparation estivale sur demande de la direction (en raison de sa situation contractuelle), le crack de Bondy a ensuite enchaîné les sorties décisives. Dans un rôle globalement plus altruiste, positionné entre l’axe et l’aile gauche.
Longtemps incontournable dans le onze, il a été intégré à la rotation à partir de février, après avoir annoncé en interne son départ à la fin de la saison. Depuis, il n’a été titularisé que cinq fois en neuf matchs de L1. Et il en a disputé seulement deux en intégralité. Luis Enrique s'est même permis de sortir Kylian Mbappé dès la mi-temps début mars à Monaco (0-0). Une gestion très commentée qui a cependant permis à la star de 25 ans de souffler un peu. Les résultats en Ligue des champions et en Coupe de France, où le capitaine des Bleus est resté incontournable, peuvent difficilement donner tort à l'Asturien.
Tout l’effectif impliqué
Le traitement réservé au meilleur buteur de l’histoire du PSG a également permis d’envoyer un message clair au reste de l’effectif. Et aucun joueur ne s’est plaint (en tout cas publiquement) de son statut ou de son temps de jeu. C’est d’ailleurs l’une des principales réussites de Luis Enrique, qui assure ne pas s'appuyer sur une équipe-type. Même ceux qui sont souvent laissés sur le banc apparaissent concernés lorsqu'on fait appel à eux. Tout le monde célèbre les victoires avec le sourire et certains jeunes du centre parviennent à gratter des minutes, à l’image de Senny Mayulu (17 ans), Yoram Zague (17 ans) ou Ethan Mbappé (17 ans). Sans parler de Warren Zaïre-Emery, déjà installé comme un taulier dans l’entrejeu, à tout juste 18 ans.
Obligé de composé avec de nombreuses absences, Luis Enrique n’a en revanche pas encore trouvé une assise défensive totalement fiable. Même en L1. Paris n’a réussi que onze clean-sheets cette saison. C’est peu pour un champion aussi dominant. Avec 29 buts encaissés, les Rouge et Bleu ont tout de même la troisième meilleure défense du championnat, derrière Lille (27) et Nice (25). Un axe d’amélioration qui n’entache pas tellement le bilan du Paris de Luis Enrique. Un Paris gagnant sur presque toute la ligne.