Éléonore de Tolède, “l’une des femmes les plus importantes de Florence”

Quand, en 1857, on exhume les dépouilles des Médicis dans les souterrains de [la basilique] San Lorenzo [de Florence], on retrouve un cercueil, déjà profané par des voleurs, où gisent les restes de Leonor Álvarez de Toledo y Osorio, plus connue sous le nom d’Éléonore de Tolède (1522-1562), duchesse de Toscane, épouse adorée de Cosme Ier de Médicis. Elle a encore sa chevelure blonde ornée de fines tresses et parée d’une cordelette d’or, et porte une longue robe blanc satiné, très abîmée, brodée d’un galon d’or, sous laquelle elle porte une seconde robe de velours rouge, des chaussettes de soie rouge et des souliers de cuir noir. C’est sous ces atours que le grand peintre Agnolo Bronzino l’avait immortalisée dans un célèbre portrait de la galerie des Offices. Le reste [de sa dépouille] n’est plus que poussière.

Mais qui est celle qu’Eike Schmidt, le directeur des Offices, a qualifiée d’“une des deux femmes les plus importantes de l’histoire de Florence” ? (l’autre étant Anne Marie-Louise de Médicis [1667-1743], qui a légué à la ville l’extraordinaire patrimoine artistique de la famille). Éléonore est la fille du vice-roi de Naples, don Pierre de Tolède, et reçoit une éducation bien plus poussée que celle des demoiselles même les plus nobles de son temps. Chose rarissime, sa tutrice et préceptrice est une sommité juive, la très érudite Benvenida Abravanel (dont l’époux est le chef de la communauté juive napolitaine), qui lui enseigne, entre autres, l’hébreu et les secrets de la kabbale.

Une femme sportive, passionnée de pêche et de chasse

Éléonore est de surcroît belle, riche et vertueuse, en somme le parti idéal. Elle est demandée en mariage par le duc de Florence, qui souhaite bénéficier de la protection de l’Empire d’Espagne, mais ce mariage de convenance, célébré en 1539, se mue aussitôt en mariage d’amour. Les portraits d’elle, sans doute un brin flatteurs, nous la montrent belle et élégante, et les chroniques de l’époque la disent cultivée et intelligente. C’est une collectionneuse avertie, qui aime les bijoux et les tapisseries au point d’avoir l’idée géniale de créer, à Florence même, une école de tapisserie destinée à produire des chefs-d’œuvre que vont s’arracher toutes les cours d’Europe.

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