Édouard Philippe à Fontainebleau, une rentrée à pas (très) feutrés

À Fontainebleau, Édouard Philippe a fait sa rentrée à pas feutrés.
BERTRAND GUAY / AFP À Fontainebleau, Édouard Philippe a fait sa rentrée à pas feutrés.

BERTRAND GUAY / AFP

À Fontainebleau, Édouard Philippe a fait sa rentrée à pas feutrés.

POLITIQUE - On le repère de loin. Édouard Philippe est entouré de ses plus proches, ce vendredi 16 septembre, devant le théâtre de Fontainebleau. Du haut de son mètre 90, il dépasse d’une tête, au moins, les ministres Agnès Firmin Le Bodo et Christophe Béchu, les parlementaires Claude Malhuret et Laurent Marcangeli, tous massés autour de lui.

Horizons fait sa rentrée, et l’ancien Premier Ministre attend une invitée, certes en retard, mais de marque : sa successeure à Matignon, Élisabeth Borne. Alors le maire du Havre patiente, sourit, échange, et se prête aux photos des passants, surpris d’un tel barouf dans leur ville de Seine-et-Marne, mais ravis de reconnaître l’ancien chef du gouvernement. Il peut le mesurer, ici, comme dans les sondages : sa popularité est intacte.

Un an après le lancement de son « affaire », comme il appelle son parti, Édouard Philippe a convié 200 maires et une quarantaine de parlementaires, qui composent ses forces vives. Une rentrée à pas feutrés pour ce potentiel candidat en 2027, soucieux, à l’image de ses troupes, de ne pas abattre ses cartes trop prématurément.

Rester au-dessus de la mêlée

Plus garden-party que meeting politique : quand Édouard Philippe et Élisabeth Borne font leur entrée dans le jardin du théâtre, après une accolade appuyée, c’est au son du saxophone d’Albert Ayler. À l’intérieur, la seule nouveauté notable dans le discours d’Édouard Philippe est sans doute… l’utilisation d’une tablette, pour pallier l’absence de prompteur, et les piques, parfois acerbes, adressées à la presse.

Agile sur scène, l’ancien Premier Ministre prend la parole devant le slogan qu’il avait déjà défini un an plus tôt, au Havre : « Voir loin, pour faire bien. » Après les discours de Nathalie Loiseau, Laurent Marcangeli et Claude Malhuret, voilà le premier locataire de Matignon sous Emmanuel Macron qui disserte, pendant près d’une heure, sur la « stratégie pour la France » et les « vertiges » qui la parcourt, « encore plus saisissants qu’il y a un an ». De la transition écologique à la dette en passant par la sécurité ou les retraites… les thèmes et les expressions résonnent comme un écho au discours du Havre, il y a un an.

Il le reconnaît lui-même, il « parle peu ». « Mais je lis la presse, ce qui me permet de savoir ce que je pense », lance-t-il aux élus, au détour d’une boutade… Comme pour couper court, malgré la légèreté, aux critiques de ceux qui aimeraient bien le voir passer la seconde pour contrer l’agitation des autres prétendants. Effet garanti.

« Le risque avec cette volonté de ne pas trop en dire, de rester discret, c’est laisser l’espace à tous ceux qui ont faim pour 2027. Ils ne vont pas se faire prier », nous résumait pourtant un élu présent à Fontainebleau, avant l’arrivée du chef, plutôt favorable à ce qu’Édouard Philippe sorte du bois pour garder ce qu’il voit comme une « avance » sur ses concurrents.

« Nous avons besoin de temps… »

Message reçu ? Pas vraiment. Si l’ancien Premier Ministre dévoile quelques pistes ou ambitions sur la scène du théâtre de Fontainebleau - à propos de la récidive par exemple, de la politique du logement ou de la filière nucléaire - il montre surtout son souhait de rester, pour l’instant, au-dessus de la mêlée.

« L’omniprésence ne peut pas être un objectif », glisse-t-il ainsi, comme pour prendre le contre-pied de certains ministres, Gérald Darmanin en tête, le patron de la Place Beauvau, régulièrement soupçonné de se montrer pour assouvir ses ambitions.

Du côté de ses proches, on fait surtout valoir le chemin parcouru dans les territoires en un an d’existence. « On va accélérer », promet ainsi Pierre-Yves Bournazel, le monsieur « élections » d’Horizons, qui préfère insister sur la longue liste des « succès » à mettre au crédit du parti fondé par le maire du Havre, de l’avènement de 500 comités municipaux à l’élection d’une trentaine de députés.

« Vous pensiez quoi ? Qu’il allait tirer sur Macron et Borne en permanence ? Ce serait irresponsable », cingle un autre élu, cigarette à la main, pour qui l’attitude de son poulain est la bonne, à cinq ans de l’échéance. 2027 : une date que l’ancien Premier Ministre a pris soin, bien sûr, de ne pas citer.

« Mon objectif, tranquillement, c’est que nous puissions avancer, travailler, réfléchir. Nous avons besoin de temps… », n’hésite pas à expliquer celui qui revendique « prendre le temps de lire, d’écrire », avant de bâtir sa feuille de route. Ce n’est pas l’éloge de la paresse, proposée par Sandrine Rousseau, qu’il brocarde à la tribune. Mais bien celle de la lenteur.

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