Aux échecs, les femmes transgenres ne peuvent plus participer aux compétitions mondiales

Les femmes trans sont exclues des compétitions mondiales d’échecs.
Les femmes trans sont exclues des compétitions mondiales d’échecs.

DISCRIMINATION - La participation des athlètes transgenres fait débat dans de nombreuses disciplines sportives en raison de leurs supposés avantages physiques. Si aux échecs, a priori, seuls les muscles du cerveau sont nécessaires, cela n’a pas empêché la Fédération internationale des échecs (Fide), dans un communiqué publié lundi 14 août 2023, d’exclure les femmes transgenres des compétitions internationales.

« Dans le cas où le sexe a été changé d’homme à femme, la joueuse n’a pas le droit de participer aux épreuves pour femmes, jusqu’à ce qu’une nouvelle décision de la Fide soit prise », a déclaré la Fide. Un processus qui pourrait prendre deux ans. Entre-temps, les femmes transgenres seront reléguées dans une catégorie ouverte, rapporte Libération.

La Fide promet ainsi qu’elle « reconnaîtra l’identité de genre d’un individu si elle est cohérente avec l’identité qu’elle entretient dans sa vie en dehors des échecs, et qui a été confirmée par les autorités nationales lors d’un changement légal et formel ».

Mais « le changement de sexe est un changement qui a un impact significatif sur le statut d’un joueur et sur son éligibilité future aux tournois, il ne peut donc être effectué que si une preuve pertinente du changement est fournie », se justifie la fédération.

De nombreuses réactions

Cette décision, qui sera effective dès lundi 21 août, a provoqué de nombreuses réactions, à commencer par celle de Jean-Baptiste Mullon, le vice-président de la Fédération française d’échecs. Dans Libération, il a annoncé que la France ne suivrait pas la nouvelle réglementation de la Fédération internationale.

« A priori, la Fide n’a pas le pouvoir d’imposer cette décision aux championnats nationaux. Donc en ce qui concerne la fédération française, nous restons libres d’appliquer nos règlements, où nous ne faisons aucune différence entre les joueurs », a-t-il expliqué.

Sur Twitter, certaines joueuses concernées par cette décision ont également réagi. Yosha Iglesias s’est inquiétée de sa participation aux prochaines compétitions : « Quelqu’un peut-il me dire ce qui est considéré comme un événement officiel de la FIDE ? Serai-je autorisée à jouer le Championnat de France dans 3 jours ? La Coupe d’Europe des clubs en septembre ? »

Idem pour Ana Valens, une rédactrice transgenre pour le journal The Mary Sue et joueuse d’échec. Dans un article, elle s’est questionnée : « Les femmes transgenres sont-elles naturellement meilleures aux échecs ? Sommes-nous trop intelligentes pour jouer avec des femmes cis ? (...) Je ne pense pas être plus intelligente que la plupart des femmes cis, et je ne pense pas non plus que les années qui ont précédé ma transition m’ont donné un avantage inné aux échecs. »

De son côté, la militante transféministe Lexie (co-lauréate du Out d’or de la révélation numérique en 2021) a résumé la situation sur Twitter : « Prendre l’habitude de justifier l’exclusion des personnes trans d’abord en se basant sur des arguments qui semblent logiques. Et ça facilite de nous interdire toute participation à la société ». Elle juge cette mesure transphobe, alors que Joël Deumier, coprésident de SOS Homophobie, l’a qualifié de « stigmatisante et discriminante ».

Les hommes transgenres ont aussi fait l’objet d’une décision de la fédération. Ils seront déchus des titres obtenus dans la catégorie féminine, avant leur transition. Mais ils pourront les récupérer… s’ils prouvent qu’ils sont « redevenus » une femme et qu’ils ont gardé la licence avec laquelle ils ont obtenu lesdits titres.

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