"Ça fait remonter de vieilles angoisses" : ces Belges secoués mais pas surpris par l'attentat à Bruxelles

La menace terroriste a été relevée à son niveau maximal lundi dans la région de Bruxelles (et au stade 3 dans le reste du pays), après que deux supporters de foot suédois ont été tués dans un attentat dans le centre-ville de Bruxelles. Des Belges, bien que "plus surpris" par ce genre d'attaques, ont confié leurs craintes à BFMTV.com.

Alors qu'elle scrollait tranquillement sur les réseaux sociaux, Annaëlle Vanophem a été "choquée" d'apprendre qu'une fusillade était en cours lundi soir dans le centre de Bruxelles. La jeune femme de 22 ans, étudiante à Bruxelles, a "directement pris peur" en sachant que l'assaillant était en fuite après avoir tué deux personnes près de la Place Sainctelette, à une vingtaine de minutes à pied de chez elle.

"J’ai directement envoyé des messages à mes proches pour voir si tout allait bien", raconte cette étudiante en sciences de l'éducation, "parce que ça m'a forcément rappelé l'attentat qui avait eu lieu à l'aéroport de Zaventem (et fait 35 morts et 340 blessés) en 2016.

"Les scénarios du pire tournent en boucle dans ma tête"

Et pour cause à l'époque, Annaëlle (qui n'était âgée que de 15 ans) se souvient avoir vécu les minutes les plus longues de sa vie en attendant des nouvelles de ses parents, dont l'un travaillait dans cet aéroport:

"J'ai eu tellement peur... Comme tous les réseaux téléphoniques avaient été interrompus et je n’avais pas de nouvelles, j’ai tout de suite imaginé le pire et j'ai directement pensé qu’ils étaient morts…"

Au final, les parents de l'adolescente étaient sains et saufs, mais le traumatisme est toujours bien présent. "Ça a fait remonter de vieilles angoisses. Lundi comme en 2016, j’étais à nouveau devant la télé, je regardais constamment les infos sur mon téléphone. Dans ces cas-là, les mêmes scénarios du pire reviennent et tournent en boucle dans ma tête".

Lundi soir, difficile de fermer l'œil pour la jeune femme de 22 ans en sachant que l'assaillant n'avait pas encore été interpellé ou neutralisé. Le lendemain matin, elle n'a pas non plus trouvé le courage de sortir de chez elle pour aller en cours "tellement elle avait peur de mettre un pied dehors".

"On se doutait bien que ça pouvait encore arriver"

Comme elle, un certain nombre de Belges ont été secoués par la fusillade de lundi soir. Béa Souleymane, 20 ans, est l'un des seuls témoins de l'attaque. À BFMTV.com, il raconte avoir vu l'une des deux victimes tomber devant lui, puis l'un des terroristes lui demander de "dégager". "Sur le coup, je suis resté figé de peur", confie-t-il.

Mais depuis hier, "la scène choquante" à laquelle il a assisté ne quitte plus son esprit. "Je n'arrive pas à me débarrasser des images. Ça a réveillé énormément de souvenirs. Les attentats de 2015, 2016... et ce que j'ai pu vivre en Guinée avant d'arriver en Belgique, où nous étions venus dans l'espoir de trouver la sécurité...."

"Ça me fait super peur, pour moi, pour les jeunes, pour la Belgique en général...", livre le jeune homme. "Je me demande ce qu'il va encore nous tomber dessus. Et puis j'ai aussi peur que les gens fassent des amalgames, qu'on doive à nouveau passer par la fermeture de certains lieux comme pendant le Covid etc".

Giuseppe, employé de la commune de 23 ans, confie lui-aussi qu'avec ses amis, ils comptent désormais éviter les promenades dans le centre-ville. "On ne se sent plus très à l'aise dans notre propre capitale malheureusement". "Moi qui travaille dehors toute la journée, je remarque qu'il y a de plus en plus de méfiance: j'entend beaucoup de personnes âgées dire qu'ils n'osent plus aller au centre-ville car ils ont peur pour leur sécurité... Ça va être de pire en pire".

"Ce ne sont plus des situations nouvelles"

Pour autant, les habitants interrogés ne sont pas particulièrement surpris par cette nouvelle attaque, et un certain nombre d'entre eux pointent "un contexte de recrudescence" des violences en Europe, notamment en France. "Je crois que je m'y attendais. Je savais que ça allait arriver à un moment ou un autre au vu des événements précédents en France", ajoute Giuseppe.

Michel Heusicom, agent de sécurité de 59 ans qui travaillait à seulement quelques mètres des lieux de l'attaque, n'a lui non plus pas été particulièrement étonné par les faits. "On l'a déjà vécu à plusieurs reprises, on est plus étonnés de rien. Avec ce qui se passe en France ou même en Suède, on se doutait bien que ça pouvait encore arriver".

Le soir du drame, cet homme a tout de même été contraint de confiner les employés de la société pour laquelle il travaille plusieurs heures à l'intérieur par mesure de précaution. "À l'intérieur, les gens étaient évidemment très tracassés et ils souhaitaient rentrer chez eux le plus vite possible", détaille ce Bruxellois. "Mais ils sont restés calmes malgré tout, et ils se sont ramenés les uns les autres en voiture dans la nuit pour que personne n'ait à prendre les transports en commun".

"Ce ne sont plus des situations nouvelles, malheureusement les gens savent plus ou moins à quoi s'attendre maintenant dans ce genre de cas", note l'agent de sécurité.

Lundi, Emmanuel Macron a estimé que l'Europe était "bousculée" en évoquant l'"attaque terroriste islamiste" qui a frappé Bruxelles dans la soirée. Au cours de cette prise de parole, le président français a également évoqué l'assassinat vendredi dernier par un jeune radicalisé d'un professeur, Dominique Bernard, dans un collège-lycée d'Arras, dans le nord de la France.

Article original publié sur BFMTV.com

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