À la veille du 1er mai, les opposants à la réforme des retraites dénoncent la fébrilité de l’exécutif

À la veille du 1er mai, les opposants à la réforme des retraites dénoncent la fébrilité de l’exécutif (photo prise le 6 avril à Paris)
À la veille du 1er mai, les opposants à la réforme des retraites dénoncent la fébrilité de l’exécutif (photo prise le 6 avril à Paris)

POLITIQUE - Ils ne désarment pas. Plusieurs voix de l’opposition à la réforme des retraites se font entendre ce dimanche 30 avril, à la veille d’un 1er mai que beaucoup espèrent « historique » à plusieurs titres, au lendemain d’une finale de la coupe de France marquée, là aussi, par la contestation politique.

Les syndicalistes Laurent Berger et Sophie Binet, tout comme le député de la Somme François Ruffin sonnent la charge dans les médias en réaffirmant leur volonté de défaire le projet phare du gouvernement, tout en critiquant en forme de fébrilité au plus haut sommet de l’État à travers un encadrement « autoritaire » des manifestations.

Une façon de mettre la pression sur l’exécutif à quelques heures d’une nouvelle journée capitale pour le mouvement social : l’intersyndicale, toujours unie, mise sur un « un raz de marée » dans la rue pour obtenir « l’abrogation » du texte.

« C’est quand même Ubu président »

Invité de l’émission BFM politique, sur la chaîne d’informations du même nom, François Ruffin a tourné la situation en dérision en réclamant un « nouvel Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu Roi ». « Parce qu’aujourd’hui, c’est quand même Ubu président. »

« On a un président de la République qui fait signer des arrêtés par les préfets pour dire qu’il ne faut pas de casseroles, qui mène une bagarre contre les sifflets, les cartons rouges, qui salue les joueurs dans les vestiaires sans qu’il soit montré à l’affiche… », a-t-il listé, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Une référence à la décision, finalement annulée par la justice, de la préfecture de police de Paris d’interdire la distribution de cartons rouges par les syndicats aux abords du stade de France samedi soir.

Le député, membre du groupe insoumis à l’Assemblée, évoque une « dérive autoritaire évidente, qui relève plutôt du ridicule », et espère que le président de la République « cessera de mobiliser la justice, des milliers de policiers sur ces histoires et ces déplacements ».

Dans un autre registre, Laurent Berger, invité au même moment du Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI, a lancé un avertissement sur cette facilité, selon lui, à détourner les lois à l’occasion de ce mouvement social pour priver les citoyens d’un droit fondamental, celui de manifester.

Les inquiétudes de Berger et Binet

« Ce qui m’inquiète, ce n’est pas que des préfets prennent ces décisions qui sont ensuite invalidées par la justice. Je pense que ce n’est pas normal de les prendre, puisqu’il ne s’agit que de manifestations pacifiques. Ce qui m’inquiète, c’est qu’ils ont […] la loi qui permette de le faire », a notamment expliqué le secrétaire général de la CFDT, en critiquant, dans le sillage de spécialistes du droit, l’utilisation de « loi antiterroriste pour empêcher les citoyens de se réunir et dire qu’ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement. » Un précédent inquiétant si « un gouvernement d’extrême droite » accède « au pouvoir », selon ses mots.

Toujours sur ce même sujet, Sophie Binet, son homologue à la CGT, évoque une « pente dangereuse » dans « l’atteinte » aux « libertés publiques. » « Je suis d’autant plus inquiète par la grave dérive sécuritaire quand je constate que des drones sont annoncés pour la sécurisation des cortèges du 1er mai », a ainsi déploré la syndicaliste dans l’émission Dimanche en politique, sur France 3.

De quoi gâcher « la grande fête populaire contre les 64 ans » que les syndicats appellent de leurs vœux, lundi 1er mai ? Pas sûr. Les autorités tablent sur 500 000 à 650 000 personnes sur tout le territoire, dont 80 000 à 100 000 à Paris. 12 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5 000 à Paris.

Pour la suite, tous ont coché deux nouvelles dates dans leur calendrier : le 3 mai, lorsque les « Sages » se prononceront sur une deuxième demande de référendum d’initiative partagée (RIP) et le 8 juin, lorsqu’une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l’Assemblée. De quoi continuer à mettre la pression sur l’exécutif.

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