À Marseille, la course contre la montre pour retrouver des survivants

MARSEILLE - C’est une course contre la montre que se livrent les secours depuis dimanche 9 avril. L’objectif est de retrouver des survivants après l’effondrement de l’immeuble d’habitation du 17 Rue de Tivoli situé au cœur de Marseille, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

« C’est ça qui nous anime », explique à l’AFP le marin-pompier Adrien Schaller, spécialiste en sauvetage-déblaiement au sein du bataillon des marins-pompiers de Marseille, le BMPM, alors que six corps sans vie ont déjà été retrouvés dans les gravats.

Une énorme explosion et de premiers corps

Pour le BMPM, et les pompiers des Bouches-du-Rhône venus les assister, la mission est claire : retrouver les habitants du 17 rue de Tivoli qui ne répondent plus aux appels de leurs proches depuis dimanche 00 h 46. C’est à cette heure que ce bâtiment de quatre étages s’est effondré tel un château de cartes, après une énorme explosion, captée par les caméras de surveillance.

Cinq appartements au total ont été détruits et des « personnes d’un certain âge et un jeune couple d’une trentaine d’années » sont portés disparus, a précisé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, dimanche.

À son arrivée au poste de commandement lundi dans la nuit, à quelques mètres de la montagne de gravats d’où s’échappent encore des fumerolles, le lieutenant de vaisseau Schaller, 29 ans, a appris que deux corps viennent tout juste d’être extraits des décombres par ses collègues de la rotation précédente. Pour lui, la journée débute, avec « un quart de 12 heures » en perspective, jusqu’à 13 heures ce lundi donc. Une vacation durant laquelle deux corps supplémentaires seront retrouvés, avant qu’une cinquième victime soit découverte dans la soirée.

Et le travail continue, « minutieux, méticuleux, très ciblé » : « Plus d’une centaine de marins-pompiers sont mobilisés, 24 heures sur 24 », sur ce chantier, dont une trentaine de spécialistes en sauvetage-déblaiement comme lui, détaille-t-il. Dans un point d’étape livré en fin d’après-midi, le commandant des opérations de secours, Pascal, a fait savoir que plus de 500 mètres cubes de débris avaient déjà été déblayés, avec précaution, du fait du risque d’effondrement des immeubles mitoyens.

« Des corps en bon état »

D’autant que la pile instable de débris n’est pas le seul adversaire à vaincre, il y a aussi les flammes. Et contre l’incendie, qui couve sous les décombres, le travail est difficile : « C’est un foyer enfoui profondément, difficile à atteindre avec les lances. Et il ne faut pas trop arroser, pour éviter de créer une espèce de boue ».

Pour évacuer les gravats, les marins-pompiers procèdent d’abord « à un déblaiement au moyen d’une pelle mécanique, avec une pince », explique Adrien Schaller : « Et quand on tombe sur des poches qui nous font plus penser à des pièces de vie, comme des chambres, avec une présence importante de vêtements, de matelas, on passe au travail à la main, ou à la pelle manuelle ». À chaque espace de vie repéré, les équipes cynotechniques entrent également en action. « Il y a eu quelques marquages de la part des chiens, mais rien de très franc », tempère le pompier : « En fait, ils réagissent surtout aux effluves des personnes vivantes ».

Lundi matin, durant la « rotation » du lieutenant de vaisseau Schaller, ce sont donc deux morts supplémentaires qui ont été extraits : « Des corps en bon état, à chaque fois, grâce justement à ce travail méticuleux ». Sur les quatre premiers corps retrouvés, « deux étaient ensemble, deux séparés », souligne-t-il auprès de l’AFP : « On peut supposer qu’il y avait au moins un couple ». Mais impossible de dire s’il s’agirait de ce couple de trentenaires mentionné par la procureure.

Chaque découverte de corps est un choc. « Ce serait vraiment inhumain de dire que c’est banal. Nous essayons de nous raccrocher à nos processus et nos gestes techniques, pour garder notre sang-froid. Mais ce n’est jamais anodin. C’est pour ça que nous sommes suivis par un service de psychologie, sur le terrain. »

Ainsi, à la découverte de chaque corps, dans la nuit et dans la matinée, « chaque unité a eu un debriefing à chaud, immédiatement, avec un médecin. Puis il y aura un debriefing à froid, par le service local de psychologie appliqué », détaille Adrien Schaller. Cinq corps retrouvés, sans vie donc, mais encore trois espoirs de trouver des survivants donc, comme l’a formulé ce lundi matin le maire de Marseille Benoît Payan. « On va tout faire pour ! », promet le marin-pompier.

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