À l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, il est urgent de lutter efficacement contre la traite des êtres humains

« Lutter efficacement contre la traite des êtres humains : un combat urgent à l’approche des JO de Paris » - la tribune de Bérangère Couillard, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations
Christophe Morin via Getty Images « Lutter efficacement contre la traite des êtres humains : un combat urgent à l’approche des JO de Paris » - la tribune de Bérangère Couillard, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations

POLITIQUE - La traite des êtres humains est un fléau qui sévit depuis de trop longues années.

Nous ne pouvons plus accepter que sur notre territoire national, des femmes et des hommes, y compris des enfants, soient considérés comme des biens à exploiter. C’est une forme d’esclavagisme qui est insoutenable et inacceptable.

Les chiffres du ministère de l’Intérieur sont saisissants : en 2022, 4 363 victimes ont été repérées et 2 994 ont été accompagnées par les associations. Parmi elles, 76 % sont victimes d’exploitation sexuelle, dont 94 % de femmes.

La lutte contre ce phénomène constitue une des priorités du Gouvernement en matière de protection et de promotion des droits de l’Homme et de lutte contre la criminalité organisée. C’est un héritage des valeurs historiquement portées par la France des droits de l’Homme que nous devons honorer.

Prostitution, exploitation par le travail et mendicité forcée

Depuis 2017, la France mène une politique publique de lutte contre la traite des êtres humains à part entière, qui vise à protéger les victimes quelle que soit la forme d’exploitation, en accordant une attention particulière à la protection inconditionnelle des mineurs.

Si la prostitution représente la large majorité des cas, il y a en parallèle un nombre non-négligeable de cas d’exploitation par le travail, de mendicité forcée ou de personnes contraintes à commettre des délits. Seules 39 % de ces victimes ont déposé plainte, preuve que nous devons mieux soutenir et accompagner ces personnes vulnérables.

Ces chiffres nous démontrent également que le phénomène est d’une ampleur mondiale. La traite des êtres humains est un phénomène criminel majoritairement transnational : les victimes accompagnées sont originaires de 75 pays issus de l’ensemble des continents.

Mais ne croyons pas que les Français en seraient tant épargnés : les victimes françaises représentent 11 % de l’ensemble des victimes accompagnées, soit une augmentation de 6 points par rapport à 2021, et constituent 15 % de l’ensemble des victimes d’exploitation sexuelle.

Les victimes françaises représentent 11 % de l’ensemble des victimes accompagnées. Pire, ce fléau frappe de plus en plus les enfants

Pire, ce fléau frappe de plus en plus les enfants : le nombre de victimes mineures suivies, dont des mineurs non accompagnés (MNA), est en hausse par rapport à 2021, ces jeunes étant davantage victimes d’exploitation sexuelle et de contrainte à commettre des délits.

Cela ne peut plus durer.

Dans le même temps, il existe un risque réel que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 amplifient ce phénomène. À l’approche des Jeux de Paris, nous nous devons de renforcer notre dispositif de lutte contre la traite pour être prêt à identifier et combattre les criminels qui profitent de ce système.

Un plan national de lutte avant fin 2023

Avant la fin de l’année, je présenterai, en lien avec les ministres concernés, un troisième plan national de lutte contre la traite des êtres humains et une première stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel. Ce plan est préparé avec Roxana Maracineanu, secrétaire générale de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la Lutte contre la traite des êtres humains, et en concertation avec les associations, actrices majeures de ce combat.

Les actions de ce plan s’attaqueront évidemment au système prostitutionnel, mais également à l’exploitation par le travail qui représente la deuxième forme la plus identifiée d’exploitation par les forces de sécurité intérieure. Il faut aussi lutter contre la mendicité forcée et l’incitation à commettre des délits qui sont des infractions qui touchent particulièrement les mineurs.

Notre plan doit être ambitieux et cohérent afin de pouvoir être mené à son terme. Il n’y aurait rien de pire qu’un énième plan qui ne serait pas suivi d’effet.

Le Gouvernement apportera une réponse ferme et concrète. En tant que ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations, je mettrai toute mon énergie et ma détermination.

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