"À nous d'aller chercher ce public": Ponsot détaille la stratégie de l'OL féminin pour faire exploser ses affluences

Vincent Ponsot, quelles sont les actions que vous mettez en place pour arriver à ce record de personnes au stade, ce samedi à l'occasion du match de Ligue des champions féminine entre l'OL et le PSG au Groupama Stadium?

En fait, ça a commencé depuis le début de l'année, on a voulu recréer une dynamique autour du foot féminin. On était un peu en perte de vitesse depuis le Covid, on s'est posé la question de comment recréer cette dynamique-là et on a ciblé notre action sur les clubs féminins de la région. Donc on a créé un réseau avec ces clubs-là, pas uniquement autour des matchs, avec des actions également lors des jours de match, mais ça peut être une conférence, ça peut être l'organisation de plateaux sur la région. Et on a une dynamique incroyable qui montre qu’il y a une vraie appétence pour le football féminin qui s'est créée depuis fin janvier. Et là, on va le voir demain (samedi). Ce n’est pas uniquement grâce à ça, mais on va exploser le record d'affluence au Groupama Stadium pour l'OL féminin parce qu'on est déjà à 36.000 ce (vendredi) matin, on veut se rapprocher des 40.000 pour demain. Cette appétence, elle existe et c'est à nous maintenant de l'entretenir.

Alors concrètement, qu'est-ce que vous faites comme action?

La première étape, ça a été de créer ce réseau-là, d'humaniser la relation, de créer l'échange avec toutes ces personnes qui s'investissent pour le développement du foot féminin au quotidien. Donc on a commencé sur le match contre Prague où on a eu une conférence le jour du match sur la gestion de l'école de foot et on a vu qu'il y avait déjà un enthousiasme assez important avec des clubs qui venaient de très loin au niveau de la région. Ensuite, on a continué sur le match contre Paris en championnat, où les meilleurs clubs ont pu visiter le musée. Et enfin sur le match contre Benfica, où le jour du match, tout autour, il y avait ce réseau de club féminin qui organisait des plateaux avec des jeunes joueuses le mercredi en début d'après-midi et qui après venaient au stade. Et voilà, cet engouement continue, on a plus de 400 clubs maintenant sur toute la région qui ont intégré ce réseau-là. Maintenant, ça va être à nous de l'entretenir. Et ça a créé le fondement de cette dynamique-là. Mais ce n’est pas, bien sûr, que ce réseau de club féminin. Parce que pour avoir 36.000 personnes au stade, ça ne peut pas être que ça, mais ça montre en tout cas tout le travail qu'il y a à faire et tout l'engouement qu'on peut avoir autour de notre équipe féminine.

Donc il a fallu, quelque part, aller chercher presque un par un des clubs?

Pas un par un. En fait, il faut créer la relation humaine, ce n’est pas juste envoyer un mail, c'est avoir des échanges parce que le sport c'est ça. Donc ça prend du temps, c'est vrai, ça demande des moyens humains. Et à ce titre-là, je remercie Julien Legrand au sein de notre section féminine qui s'est beaucoup investi sur ce sujet-là. Et maintenant, à nous d'être à la hauteur de cet engouement-là dans les retours qu'on peut leur faire.

Justement, ça montre quand même qu'il y a une appétence pour le foot féminin à ceux qui, peut-être, pouvaient en douter?

Ça, c'est certain. Après, ce qui est différent, c'est qu'on a un public qui n'est pas celui du foot masculin et qui a d'autres attentes. Donc c'est à nous d'aller chercher ce public-là. Et on voit encore une fois, au regard de l'affluence annoncée pour samedi, que ce public existe, mais c'est à nous de répondre à leurs attentes qui sont différentes. Donc c'est pour ça aussi qu'on veut un stade, non pas par rapport au Groupama Stadium, mais qui soit plus adapté à nous, à nos besoins. Parce qu'on pense que ce public-là, il existe. Il faut juste aller le chercher et le satisfaire. Donc à nous de surfer sur cette vague-là.

Ce n’est pas uniquement de faire des tarifs en fait. On aurait pu se dire 'tiens, voilà les places sont données'. On dit que c'est 2€ uniquement, c’est ça?

Non, d'ailleurs par le passé, le fait d'inviter des personnes, ce n’est pas pour ça que on a eu plus de monde dans le stade. Alors bien sûr, le prix des places, vous l'avez vu, n'est pas celui du foot masculin. Mais ce n’est pas l'aspect financier qui sera déterminant. Après, bien évidemment, on doit développer un modèle. Parce que de jouer au Groupama Stadium, ça a un coût, mais je ne pense pas que le critère des gens soit le prix.

Le fait de faire dans la journée une conférence, des petits matchs, etc, c'est un sacré plus pour les pour les personnes, parce qu'elles viennent, elles ne se déplacent pas uniquement pour un match, c’est ça?

Tout à fait. Enfin pour moi, ce qui est extraordinaire, c'est l'engouement de toutes ces jeunes filles qui jouent au foot et qui viennent le soir du match. Ce n’est pas qu’un nombre de personnes. Quand vous voyez l'ambiance qui est dans le stade au Groupama Stadium pour le match contre Benfica, c'est une atmosphère qui est différente. C'est tout ce qu'on organise autour, ou en salon. Vous avez les joueuses qui viennent en fin de match pour une séance de dédicaces. Quand vous voyez la queue qu'il y a pour venir signer certaines dédicaces... C’est de donner tout ce bonheur-là à toutes ces jeunes filles qui essaient de réaliser leurs rêves et de devenir des joueuses de football, non pas professionnelles mais de haut niveau. Et pour nous, c'est une grande satisfaction. Voilà, ça fait partie de ce qui nous anime aussi au quotidien de transmettre ce bonheur-là.

Ça vient de toute la région, vous ratissez large?

Alors oui, c'est assez incroyable. Essentiellement la métropole, bien évidemment. Mais on voit des clubs de toute la région, on voit même des clubs en dehors de la région. On voit donc des clubs qui viennent de Suisse, on voit des clubs qui viennent du centre de la France. Enfin c'est assez incroyable, on ne s’attendait pas à un engouement aussi important.

Et quel est l'accueil de l'autre côté? Ils sont contents de cette innovation?

Oui, après y a les modalités matérielles pour eux en termes d'organisation, notamment quand ils viennent de loin. Mais quand on voit que la demande ne fait que croître, c'est d'abord que, au fur à mesure, les clubs s'organisent. Mais ça n'est pas que ça, il y a aussi une satisfaction très importante du moment vécu à l'instant T dans le stade. Et voilà, il n’y a pas de secret de toute façon. Quand vous voyez l'augmentation du nombre de demandes après chaque match, c'est qu'y a une grande satisfaction.

Article original publié sur RMC Sport