À Clichy-sous-Bois, les habitants des caves insalubres de la cité du Chêne-Pointu bientôt expulsés

Une jeune fille monte un escalier à l’intérieur d’un bâtiment de la « Résidence Le Chene Pointu » à Clichy Sous Bois, le 9 février 2022.
Une jeune fille monte un escalier à l’intérieur d’un bâtiment de la « Résidence Le Chene Pointu » à Clichy Sous Bois, le 9 février 2022.

LOGEMENT - Certains vivent là depuis cinq ans. Le journal Le Parisien publie, ce jeudi 6 juillet, un reportage sur l’expulsion prochaine d’une quinzaine d’hommes installés dans les caves de deux bâtiments à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Un exemple frappant de mal logement dans la commune dont l’actuel ministre de la Ville et du Logement, Olivier Klein, a été maire pendant 11 ans.

Les autorités ont pris connaissance des conditions de vie très précaires de ces habitants en mai dernier, lors d’une fuite dans les canalisations d’eaux usées. Les deux immeubles de quatre étages, situés dans la cité du Chêne-Pointu, étant particulièrement délabrés et la copropriété surendettée, l’établissement public foncier d’Île-de-France (Epfif) a été missionné pour prendre en charge la rénovation.

Ces travaux doivent conduire au rachat des quelque 2 000 logements de la cité par l’Epfif, et nécessitent le départ de ces habitants particulièrement démunis. Mais comme l’écrit Le Parisien, aucune solution de relogement n’est possible : « Les occupants des caves de la cité du Chêne-Pointu ne rentrent dans aucune case, car ils ne sont pas victimes d’un marchand de sommeil et ne causent pas de troubles. »

Des vols, de l’humidité et des rats

Qui sont ces hommes bientôt expulsés ? Selon Le Parisien, ils sont pour la plupart en situation irrégulière et travaillent au noir sur les marchés, dans le BTP, en tant que déménageur ou garagiste. La mairie de Clichy-sous-Bois a confié au quotidien ses difficultés pour les aider. « Ils ne nous font pas forcément confiance. Nous n’en avons d’ailleurs recensé que cinq à l’heure actuelle […] Nous leur avons aussi proposé de l’aide pour manger et se soigner, mais personne n’a accepté », assure le cabinet de la maire (DVG) Samira Tayebi.

Le reste des habitants souterrains se cachent. Une forme de solidarité s’est installée avec les habitants de la copropriété qui, pour la plupart, les soutiennent. Les occupants des caves s’y sont installés parce que celles-ci ne sont plus utilisées depuis des années en raison des vols qui y sont régulièrement commis, et de la présence des rats.

Les caves sont minuscules, et les conditions de vie y sont particulièrement déplorables : il est difficile d’y faire entrer ne serait-ce qu’un matelas indique Le Parisien, photos à l’appui.

Délogés pour cause de travaux

Certains de leurs occupants ont la vingtaine, d’autres la soixantaine. Ils ont accès au tout-à-l’égout et à l’électricité. Un trou dans le sol accompagné d’un seau d’eau sert de toilettes. Les squatteurs utilisent les tuyaux du chauffage pour survivre à l’hiver et faire sécher leurs vêtements.

« Ces caves, ça m’a sauvé la vie, ici on n’a pas de bagarre, on ne risque pas sa vie comme dans la rue, et puis je peux au moins faire semblant d’avoir un logement pour ma famille restée au bled », confie au Parisien l’un des squatteurs. « J’ai honte, parmi mes frères, il y a des ingénieurs, des médecins… », explique-t-il du haut de ses 22 ans.

En moyenne 1 000 arrêtés pour insalubrité sont pris chaque année en Île-de-France. En 2021, 267 d’entre eux concernaient des locaux impropres à l’habitat : des garages, des souplex et des caves.

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