À Berlin, des perfusions anti-gueule de bois livrées à domicile

C’est une sensation dont on se passerait bien. Maux de crâne, fatigue, nausées ou courbatures : l’excès d’alcool se paye cher le lendemain. Pas étonnant que certains fêtards soient prêts à débourser une centaine d’euros pour se débarrasser plus vite des symptômes de la gueule de bois. C’est le pari de la société berlinoise Hangover Refresh, dont les affiches ont fleuri dans les rues de la capitale allemande, proposant “une solution physiologique vitaminée en perfusion, directement chez vous, dans votre lit”.

Ce jour-là, raconte la Süddeutsche Zeitung, “le soleil brille à Berlin, mais Sascha Schimchalsky traîne une sale gueule de bois”. Le long du canal de la Landwehr, dans le quartier de Kreuzberg, le trentenaire n’en mène pas large en promenant le chien de sa compagne. Il “contemple l’eau avec des petits yeux”.

Après avoir “bu du vin au dîner” et “plusieurs bières” dans un bar, le mal est fait : “il a maintenant mal au crâne, est fatigué et affiche un air de cocker abattu”. Il attend la livraison de sa poche à perfusion contenant “une dose élevée de vitamines, d’électrolytes [solution riche en sodium] et de liquides”.

“Génération Amazon” et conséquences à long terme

Un remède qu’il a commandé en ligne, au prix de 99 euros. Au moment de la livraison, le jeune homme répond à quelques questions. “Des allergies ? Non. Des maladies chroniques ? Asthme. Avez-vous pris des amphétamines hier ? Non, juste de l’alcool.” Après cinq minutes de questionnaire, il peut avoir sa perfusion − administrée par une assistante médicale − et reçoit le numéro d’un médecin à contacter en cas de problème. L’offre, analyse le quotidien allemand, semble “taillée sur mesure pour la génération Amazon” : “tout est accessible en un clic, sur-le-champ. De la nourriture indienne, un bouquet de fleurs, un canapé”.

Mais les vérifications médicales sont-elles suffisantes ? Werner Brose, médecin et responsable d’un centre de conseil en toxicomanie à Berlin cité par le journal, n’est pas certain qu’elles suffisent à s’assurer que le patient “n’a pas de problème grave avec l’alcool ou de comorbidités”. En outre, ce remède peut-être vu comme une incitation à la consommation excessive d’alcool, souligne Ole Eggert, à la tête de l’Ordre des médecins de Berlin : si l’abus d’alcool n’a pas conséquences le lendemain, pourquoi s’arrêter ? Or l’alcoolisme a des conséquences très néfastes à long terme et peut provoquer des maladies cardiovasculaires, des lésions du foie et du tube digestif, des cancers ou encore des troubles psychiques graves.

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