À Bali, les habitants ne veulent pas du moustique expérimental antidengue sur leur île

Mi-novembre, la nouvelle s’est répandue à Bali comme une trainée de poudre : le ministère de la Santé s’apprêtait à faire éclore 200 millions d’œufs de moustiques modifiés à Bali dans les deux villes principales de l’île, Denpasar et Singaraja.

“Le plan était de distribuer chaque semaine 10 millions d’œufs. Le déploiement devait durer vingt semaines”, précise Koran Tempo.

Ces moustiques modifiés sont des moustiques Aedes aegypti femelles dont les larves sont infectées en laboratoire par une bactérie du genre Wolbachia. Les bactéries Wolbachia paralysent le virus de la dengue dans leur corps et dans leurs œufs. Cette technique a déjà été expérimentée depuis plusieurs années, et avec succès, dans divers pays, tels que le Brésil, le Vietnam, les Fidji, le Vanuatu, le Mexique, Kiribati, la Nouvelle-Calédonie et le Sri Lanka.

Le quotidien note que “des recherches menées en Australie montrent que ces moustiques peuvent réduire le nombre de cas de dengue de 80 %”.

En Indonésie, des essais, menés en 2022 dans la ville de Yogyakarta par la fondation Tahija en collaboration avec l’université nationale Gadjah Mada, ont fait chuter le nombre de cas de cette fièvre hémorragique mortelle de 77 %. La même année, sur les plus de 45 000 cas de dengue dans l’archipel, 432 ont été fatals.

Des craintes injustifiées et une mauvaise communication

Bien que Bali soit l’une des provinces les plus contaminées, des milliers d’habitants ont signé une pétition en ligne pour rejeter cette “ingénierie de moustiques” sur leur île, au motif qu’elle pourrait provoquer des mutations malignes et incontrôlables.

Cette crainte, totalement infondée dans la mesure où cette technique ne modifie pas l’ADN des moustiques, s’est propagée parmi la population balinaise parce que Jakarta n’a fait aucune campagne d’information, mais aussi parce l’origine de ces 200 millions d’œufs de moustiques n’est pas transparente.

Selon Koran Tempo, après le succès des moustiques modifiés à Yogyakarta, le gouvernement australien a envoyé des fonds pour un projet à Bali piloté par l’université Monash. Le journal se demande pourquoi la fondation Tahija et l’université Gadjah Mada, responsables de ce succès, n’ont pas été impliquées.

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