Être hypocondriaque rend malade, la chronique du Docteur Gérald Kierzek

Cinq ans d'espérance de vie en moins pour les hypocondriaques, c'est le chiffre étonnant d'une étude publiée, en décembre dernier, dans la revue JAMA Psychiatry. Les scientifiques de l'institut Karolinska (Suède) ont suivi deux décennies durant 41 290 personnes non hypocon­driaques et 4 129 hypocondriaques, et ont analysé leurs données de santé de 1997 à 2020. En moyenne, les hypocondriaques vivaient jusqu'à 70 ans (75 ans pour les autres) et avaient quatre fois plus de risque de mourir par suicide. Ils étaient plus suscep­tibles d'être atteints de maladies respiratoires, cardiaques ou neurologiques. L'hypothèse est que l'inquiétude répétée génère un stress chronique, entraînant une augmentation des niveaux d'inflammation du corps qui favo­risent l'apparition de maladies. La peur d'être malade n'évite pas le danger, elle le crée !

Un trouble psychiatrique

Caractérisée par une préoccupation excessive et persistante à propos de la santé, l'hypo­condrie s'accompagne d'une anxiété démesurée à l'idée de souffrir d'une maladie grave. L'écoute du corps à la recherche de symptômes potentiels devient obsessionnelle, et tout signe est interprété comme la preuve d'une maladie grave ou mortelle. Rien ne peut rassurer le patient, et la peur des maladies s'ajoute souvent à d'autres symptômes anxieux (panique, dépression…) qui envahissent le quotidien et conduisent à des rendez­-vous médicaux multiples.

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Se soigner efficacement

Le traitement repose déjà sur l'identification du trouble. Dans un premier temps, la consul­tation médicale s'attache à vérifier qu'il n'existe aucune maladie organique sous­jacente. Puis, une prise en charge psychiatrique permet de poser le diagnostic et de proposer un traitement. Une psychothérapie cognitive et comportementale désamorce les comporte­ments problématiques et les pensées négatives. Les médicaments (antidépresseurs, anxio­lytiques…) soulagent les symptômes. Et l'intégration neuro­émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR) peut être utile. Ces sujets ont besoin de soutien, pas de moquerie.

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