Éric Dupond-Moretti relaxé: l'avenir politique du ministre s'éclaircit malgré une relation abîmée avec les magistrats
Dans les rangs du gouvernement, le soulagement est palpable entre le message d'Élisabeth Borne qui se "réjouit" que le ministre de la Justice puisse continuer son travail et un rendez-vous en tête-à-tête avec Emmanuel Macron. Si la relaxe d'Éric Dupond-Moretti ce mercredi 29 novembre a tout d'une excellente nouvelle pour le gouvernement, les prochains mois pourraient cependant s'avérer bien compliqués à la chancellerie.
Un ministre symbole pour une hausse sans précédent du budget de la Justice
Pour l'instant, le garde des Sceaux semble assuré de rester à son reste. Il a d'ailleurs affirmé sur France 2 vouloir "tourner la page". De quoi enlever une épine du pied du camp présidentiel. Il faut dire que son éventuelle condamnation aurait eu l'allure d'un casse-tête pour l'Élysée en contraignant l'exécutif à lui trouver un successeur. Une gageure en macronie alors que le banc de touche des ministres potentiels n'est pas bien garni.
Très identifiée, l'ex-star du barreau a également le mérite pour Emmanuel Macron de symboliser l'investissement consenti dans le secteur de la Justice. Pour la quatrième année consécutive, le ministère a connu un budget en nette hausse. En 2024, il dépassera même la barre symbolique des 10 milliards d'euros. Éric Dupond-Moretti a d'ailleurs promis de multiplier les futures embauches de magistrats et de greffiers.
Au-delà de son portefeuille ministériel, l'ancien avocat est également l'un des rares ministres politiques du gouvernement d'Élisabeth Borne. Avec Olivier Véran, il est l'un des seuls à oser ferrailler avec les députés du Rassemblement national dans l'hémicycle.
Des tensions au plus haut pendant le procès avec des syndicats de magistrats
Mais la séquence judiciaire risque bien de laisser des traces. Déjà fortement abîmée, sa relation avec les magistrats, qui dépendent directement de l'autorité d'Éric Dupond-Moretti, ne devrait pas s'améliorer.
C'est d'ailleurs pour deux affaires directement liées à ses rapports avec la magistrature que le ministre a dû affronter la justice. Désormais blanchi des accusations de conflit d'intérêts, il était accusé d'avoir utilisé sa fonction de garde des Sceaux pour régler des comptes avec des magistrats qu'il avait côtoyés lorsqu'il était avocat.
"La reconnaissance des conflits d'intérêts a été judiciairement établie", a d'ailleurs déclaré Christophe Clerc, l'avocat des syndicats de la magistrature à l'issue du procès cette après-midi.
"Mille choses à faire pour Éric Dupond-Moretti"
La Cour a considéré dans ses motivations que "l'élément matériel" de la prise illégale d'intérêts était bien constitué mais pas "l'élément intentionnel".
La tension peut-elle redescendre entre les magistrats et leur ministre dans les prochaines semaines? Le garde des Sceaux, resté en poste pendant ses 10 jours de procès, n'a pas manqué une audience et s'était défendu bec et ongles, se payant à plusieurs reprises des ex-figures de son ministère, à l'instar de l'ancien procureur de Paris, François Mollins très médiatique pendant les attentats de 2015.
"J'ai mille choses à faire" à mon poste, avait assuré le garde des Sceaux lors de son procès, assurant n'avoir qu'un "but", "réussir mon ministère. "Le reste je m'en fous", avait encore lancé l'ex-avocat. À voir si les magistrats partagent ce sentiment.