En Équateur, 4 000 soldats mobilisés pour une opération d’envergure dans une prison

Des membres des Forces armées équatoriennes montent la garde à l’extérieur du pénitencier de la zone n°8 à Guayaquil en Équateur, lors d’une opération conjointe entre la police et l’armée, le 12 août 2023.
Des membres des Forces armées équatoriennes montent la garde à l’extérieur du pénitencier de la zone n°8 à Guayaquil en Équateur, lors d’une opération conjointe entre la police et l’armée, le 12 août 2023.

ÉQUATEUR - Des milliers de soldats et policiers ont participé samedi 12 août au transfert, dans une nouvelle prison de haute sécurité, du chef du plus puissant gang d’Équateur, accusé d’avoir menacé de mort Fernando Villavicencio, candidat à la présidentielle abattu trois jours plus tôt, selon les autorités.

La veuve de Fernando Villavicencio, Veronica Sarauz, a qualifié l’assassinat de son mari de « crime d’État » et accusé les partisans de l’ancien président équatorien de gauche Rafael Correa, réfugié en Belgique, d’en être les responsables directs ou indirects.

Environ 4 000 militaires et agents, lourdement armés, ont pénétré samedi à l’aube à bord de véhicules blindés dans le Centre de privation de liberté numéro huit de Guayaquil où était détenu depuis 2011 Adolfo « Fito » Macias, chef de la redoutable organisation criminelle Los Choneros.

Des images diffusées par les forces de sécurité montrent un barbu corpulent, mains sur la tête, entouré par des agents, puis à terre, mains liées et en caleçon parmi des dizaines de prisonniers.

Cette photo a été publiée par les forces armées équatoriennes. Elle montre Adolfo Macias, chef du gang criminel Los Choneros, lors de son transfert vers le complexe de sécurité maximale The Rock, à l’intérieur du pénitencier de la zone n°8 à Guayaquil, en Équateur, le 12 août 2023.
Cette photo a été publiée par les forces armées équatoriennes. Elle montre Adolfo Macias, chef du gang criminel Los Choneros, lors de son transfert vers le complexe de sécurité maximale The Rock, à l’intérieur du pénitencier de la zone n°8 à Guayaquil, en Équateur, le 12 août 2023.
Cette photo publiée par les forces armées équatoriennes a été prise lors d’une opération conjointe de la police et de l’armée au pénitencier de la zone n°8 à Guayaquil, en Équateur, le 12 août 2023.
Cette photo publiée par les forces armées équatoriennes a été prise lors d’une opération conjointe de la police et de l’armée au pénitencier de la zone n°8 à Guayaquil, en Équateur, le 12 août 2023.

Le président équatorien Guillermo Lasso a ensuite annoncé sur Twitter que « Fito » avait été transféré à La Roca, une prison de sécurité maximale de 150 places, située dans le même complexe pénitentiaire, à Guayaquil.

Selon les autorités, « Fito » et ses hommes contrôlaient au moins un bâtiment de la prison où il était détenu auparavant.

Andrea Gonzalez candidate à la présidentielle

Le nom de « Fito » fait la Une de la presse en Équateur depuis la mort mercredi de Fernando Villavicencio, tué par balles. Le candidat centriste, âgé de 59 ans, était en deuxième position dans les sondages en vue des élections présidentielles prévues pour le 20 août.

Six ressortissants colombiens ont été arrêtés dans cette affaire, et un septième a été tué dans une fusillade avec les gardes du corps du candidat.

Le politicien avait affirmé la semaine dernière que le chef du gang, condamné à 34 ans de prison pour assassinat et trafic de drogue, avait menacé de le tuer.

Ancien journaliste et membre du Congrès, Fernando Villavicencio avait enquêté sur le narcotrafic dans son pays.

Les gangs de narco-trafiquants sont puissants dans les prisons du pays. Depuis 2021, plus de 430 détenus sont morts lors d’affrontements entre bandes rivales en prison, des dizaines d’entre eux ayant été démembrés et leurs corps brûlés.

Le parti centriste Construye a annoncé samedi que la colistière de Fernando Villavicencio, Andrea Gonzalez, sera sa candidate à la présidentielle.

Andrea Gonzalez, une écologiste de 36 ans, était une alliée de longue date de Fernando Villavicencio. Elle s’est consacrée en particulier à la défense des océans et de la mangrove, à la lutte contre la déforestation et le trafic d’animaux sauvages.

La veuve de Fernando Villavicencio s’en prend à l’État

Le colistier d’Andrea Gonzalez, candidat à la vice-présidence, sera annoncé ultérieurement et « il sera choisi parmi les plus fidèles de ceux qui ont partagé les combats du camarade Fernando Villavicencio », a précisé le parti.

Dans des déclarations à la presse samedi à Quito, la veuve de Fernando Villavicencio, Veronica Sarauz, s’en est prise à l’État équatorien et aux partisans de l’ex-président Correa (2007-2017).

« Il s’agit d’un crime d’État parce qu’il était sous la garde de l’État par l’intermédiaire de la police », a-t-elle dénoncé. « Je veux dire au Correisme que je sais que ce sont eux (...) celui qui vit en Belgique, tous sont responsables, si ce n’est directement, du moins indirectement, de la mort de mon mari ».

L’un des principaux faits d’armes de Fernando Villavicencio est d’avoir envoyé sur le banc des accusés Rafael Correa, grâce à l’une de ses enquêtes journalistiques. Rafael Correa, réfugié en Belgique, a été condamné par contumace à huit ans de prison dans cette affaire.

La veille de son assassinat, Fernando Villavicencio avait déposé une plainte auprès du ministère public pour des irrégularités présumées dans la renégociation de contrats pétroliers sous l’administration Correa, avec un préjudice pour le pays d’environ 9 milliards de dollars.

Veronica Sarauz, qui est apparue escortée par la police et portant un gilet pare-balles et un casque, a affirmé que sa vie et celle de ses trois enfants « sont également en danger ».

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