Épisode de froid en France : ce témoignage illustre la détresse des agriculteurs menacés par le gel

Photo prise le 22 avril 2024 à Fully, en Suisse, où des bougies allumées sont placées dans un vignoble pour garder les plantes au chaud.
FABRICE COFFRINI / AFP Photo prise le 22 avril 2024 à Fully, en Suisse, où des bougies allumées sont placées dans un vignoble pour garder les plantes au chaud.

AGRICULTURE - « C’est l’angoisse. » Pierre Delorme, agriculteur en Nouvelle-Aquitaine, livre ce lundi 21 avril sur son compte Linkedin un témoignage qui en dit long sur la détresse des agriculteurs, qui vivent sous le joug d’une météo détraquée par le changement climatique. Après la première quinzaine d’avril la plus chaude jamais enregistrée en France, un épisode de froid s’abat sur l’Hexagone, menaçant le fruit de mois de travail pour les vergers et arboriculteurs.

Météo en France : il n’a jamais fait aussi chaud en avril que ces quinze derniers jours

« Pour un peu plus de 30 millions d’actifs, la météo de ce matin sera juste un pare-brise à gratter, (...) des doigts un peu douloureux marqués par le frimas d’un voyage en vélo ou en trottinette », écrit d’abord Pierre Delorme, comme vous pouvez le lire ci-dessous. Mais pour les « 410 000 paysans », qui seront « encore moins l’année prochaine », la gelée de ce lundi matin a des conséquences bien plus graves, explique celui qui travaille depuis dix ans sur l’autonomie alimentaire et énergétique.

« Ce petit été qui a duré plusieurs semaines qui ruine tout »

Effectivement, les températures négatives de ce matin – qui n’ont rien d’exceptionnel en avril –, surviennent après deux semaines estivales dans l’Hexagone. Il faisait encore 25 °C le 14 avril en Nouvelle-Aquitaine, contre -1 °C à l’intérieur des terres ce lundi. Or, ce grand écart de températures a des effets extrêmement délétères pour les cultures : avec la chaleur précoce, les plantes ont commencé à bourgeonner, mais le gel vient désormais faucher les bourgeons naissants. Conséquence : les pertes de rendement pour les agriculteurs pourraient être colossales.

« Ce petit été qui a duré plusieurs semaines en amont, ce petit négatif, c’est la sanction qui ruine tout », déplore Pierre Delorme. Et poursuit avec amertume : « Des milliers d’heures pour certains perdues, des dettes qui s’accumulent, des moyens de les combler prise dans la glace. »

Tout aussi inquiète, Françoise Roch, présidente de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), a déclaré dimanche sur franceinfo : « On est sur le qui-vive, parce qu’il faut absolument qu’on arrive à sauver nos récoltes. »

L’arboricultrice s’inquiète aussi des deux prochaines nuits, celles de lundi et mardi, qui s’annoncent les plus froides de la semaine. Mardi, « le gel s’étendra vers l’ouest et le Sud-Ouest. Il pourrait faire fréquemment entre 0 et -2 °C voire plus bas dans les coins les plus exposés », prévient sur X l’agroclimatologue Serge Zaka.

Alors que de nombreux agriculteurs ont allumé des bougies antigel dès ce dimanche soir, comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessous à Chablis, Françoise Roch juge que les aides octroyées par le gouvernement aux agriculteurs pour faire face à ces épisodes de gel sont « extrêmement faibles » et « inadaptées ».

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