Les élus autrichiens, cibles de choix de l’espionnage russe

Un Vladimir Poutine coiffé d’un chapeau mou surplombe la skyline de la ville de Vienne. Inspiré de l’imagerie de la guerre froide, le dessin en une de l’édition du 13 mars de Falter paraîtrait presque vieillot. Pourtant, il parle d’un phénomène très actuel : la menace que fait peser l’espionnage russe sur la république des Alpes.

“Les complices de Poutine à Vienne”, titre le magazine d’investigation autrichien. “Le document d’une source interne révèle comment le régime russe séduit les milieux politiques viennois.” Ce fichier, issu des cercles diplomatiques et jugé “convaincant” par les services de renseignements autrichiens, dévoile le nom de diplomates russes qui seraient en réalité des espions, et de groupes de réflexion chargés de diffuser la propagande du Kremlin en Autriche.

Mais, surtout, il démontre que “les sbires de Poutine sont à l’œuvre depuis des années dans les cercles politiques de Vienne”, peut-on lire dans l’enquête de Falter. Le pays accueille le siège de différentes organisations internationales et, contrairement à l’Allemagne, il demeure très dépendant des importations de gaz russe, ce qui fait de lui une cible de choix pour Moscou.

“Une période sensible”

“Il convient de souligner que le document a été transmis à Falter alors que la politique intérieure autrichienne traverse une période sensible”, précise le titre. Le parti d’extrême droite FPÖ est l’un des favoris des élections législatives prévues cet automne. Des messages de Heinz-Christian Strache, ancien chef du parti, ont pourtant révélé que celui qui fut vice-chancelier souhaitait introduire des personnalités russes au sein de certaines institutions nationales, “manifestement pour approfondir les contacts avec le régime du Kremlin”. Et l’enquête du magazine viennois semble confirmer des liens étroits entre des personnalités de la formation politique et le parti de Vladimir Poutine, Russie unie.

Dans le même temps, les scandales s’accumulent en Autriche. La semaine dernière, deux diplomates de l’ambassade de Russie à Vienne ont été expulsés à la suite d’accusations d’espionnage. Quelques jours plus tôt, une enquête du journal allemand Der Spiegel accusait un ancien cadre du service de renseignement intérieur autrichien, Martin Weiss, et son collègue Egisto Ott, d’avoir travaillé pour le compte du Kremlin, au côté de l’ancien homme d’affaires Jan Marsalek. Weiss et Ott auraient notamment surveillé Christo Grozev, un journaliste d’investigation bulgare qui avait participé à l’enquête sur l’empoisonnement, en 2020, de l’opposant russe Alexeï Navalny. “Depuis, Grozev a dû quitter Vienne, la police locale ne pouvait plus garantir sa sécurité.”

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :