Élargissement de l’UE : une fuite en avant des 27 ?

« Je crains que les partisans de l’élargissement ne sous-estiment nos lacunes face à l’agressivité russe », estime l'ex-ministre Sylvie Goulard dans son livre L’Europe enfla si bien qu’elle creva.  - Credit:Mourad ALLILI / MAXPPP
« Je crains que les partisans de l’élargissement ne sous-estiment nos lacunes face à l’agressivité russe », estime l'ex-ministre Sylvie Goulard dans son livre L’Europe enfla si bien qu’elle creva. - Credit:Mourad ALLILI / MAXPPP

Les institutions à 27 fonctionnent déjà difficilement. Comment peut-on promettre d'élargir le cercle européen à 36 États si déjà les veto des uns et chantages des autres retardent de nombreuses décisions ? C'est la question fondamentale qui traverse le livre de Sylvie Goulard, l'ancienne ministre des Armées du gouvernement Philippe, spécialiste des questions européennes. L'Europe enfla si bien qu'elle creva (aux éditions Tallandier) n'est pas très rassurant et pose de bonnes questions.

La fuite en avant vers l'élargissement a surtout « un air de déjà-vu », comme le note l'autrice. Il faut revenir au Conseil européen de décembre 2004, quand l'Europe décida d'ouvrir les négociations d'adhésion avec la Turquie… Nous y sommes encore et les 27 ne savent plus comment fermer cette porte ni ouverte ni fermée. Sylvie Goulard souligne les mêmes causes qui risquent d'aboutir : « l'erreur de faire passer la diplomatie avant la démocratie ».

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Des lacunes face à l'agressivité russe

Comment se fait-il qu'aucun dirigeant européen ne se soit ému, à l'époque, de considérer qu'un pays tiers occupant le nord de Chypre à la suite d'un coup de force comparable à celui de la Russie sur l'Ukraine puisse tranquillement postuler à l'adhésion ? Comment justifier ces deux poids deux mesures ? Les dirigeants européens ne se mettent jamais au clair et poursuivent ainsi l'illusion d'une Europe dont les limites géographiques restent m [...] Lire la suite