À Venise, l’artiste Pierre Huyghe écrit les légendes du futur

         Métaphysique. Dans Camata, Pierre Huyghe imagine un rituel d’apaisement pour un corps oublié dans l’immensité désertique. - Credit:
Métaphysique. Dans Camata, Pierre Huyghe imagine un rituel d’apaisement pour un corps oublié dans l’immensité désertique. - Credit:

Ce pourrait être le décor d'une très ancienne légende. L'étendue du désert, une montagne au loin aux airs de volcan branché sur les profondeurs telluriques, et puis, face contre terre, un squelette humain. Meurtrier fuyant dans cette solitude imprenable la justice des hommes ? Victime propitiatoire livrée à l'immensité brûlante pour apaiser le courroux d'un dieu invisible ? On ne sait pas.

Ce pourrait être, d'ailleurs, une légende du futur. Car autour de ce corps, en un étrange ballet, s'affairent de nuit comme de jour des bras articulés high-tech s'adonnant à un incompréhensible mais émouvant rituel à base de perles, de brins de laine ou de cristaux d'atacamite. Rendre hommage. Prendre soin. Célébrer une vie défunte. Ou préparer la vie d'après ?

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Obsédant. Pierre Huyghe, qui œuvre désormais au Chili, est fasciné par un squelette découvert dans le désert d’Atacama, probablement celui d’un mineur égaré.

Plusieurs caméras filment la scène, zooment sur les os blanchis et secs, le crâne expressif de la relique, les perles parfaitement polies, les panneaux solaires éblouissants qui alimentent en énergie les robots veilleurs du corps. C'est silencieux. Les astres courent et scintillent dans la voûte céleste, puis le soleil apparaît et répand sa lumière zénithale avant de décroître. C'est la nuit, à nouveau, un point rouge clignote à l'horizon. Émettant depuis quelle base, quelle cité lointaine ? Et pour nous avertir de quoi ?

Forger ses propres mythes

Né en [...] Lire la suite