Zoya Bostan et Ali Safar, face au pays perdu

Zoya Bostan et Ali Safar, face au pays perdu

Exilé en Turquie, ce couple d’intellectuels syriens a fui les horreurs de Bachar al-Assad et se réfugie dans le souvenir du bonheur passé.

Au dernier étage d’un immeuble de quatorze étages de la périphérie de Gaziantep (Turquie), offusquant le soleil, s’est fixé, dans un 70 m2, ce couple de lettrés damascènes en exil. Ali Safar a 45 ans et son épouse Zoya Bostan, 39. Ils ont deux jeunes enfants. Ali était directeur de Syria Drama une des télévisions d’Etat. Zoya était journaliste au service culture de la même chaîne. Ils ont fui il y a seize mois. Lui en rejoignant la Jordanie «exfiltré par des compagnons de l’ASL [Armée syrienne libre, ndlr]». Zoya, elle, a gagné dans un premier temps le Liban de manière clandestine, puis la Turquie. Le couple habitait Damas à Jaramana, un quartier de la petite bourgeoisie, souvent intellectuelle. Il est ismaélien (courant de l’islam chiite) et originaire d’une famille de Tartous (ville côtière au nord du Liban). Elle est kurde sunnite native d’une famille venue d’Afrin (ville au nord d’Alep, frontalière de la Turquie). Ils ont vécu les premiers mois en Turquie dans un isolement farouche, et commencent juste à s’intégrer : «Je vais mettre les enfants dans une école turque à la rentrée car nous ne savons pas quand nous pourrons rentrer, et même si un jour nous rentrerons. En attendant, j’ai trouvé une école qui enseigne l’arabe et qui n’est pas contrôlée par la coalition syrienne car l’enseignement ici est sous influence des Frères musulmans», assure-t-elle. Zoya, parfaitement francophone, est parfois sollicitée pour des missions ponctuelles de traduction : «Ça nous permet de vivoter, mais c’est incertain comme revenus. Quand j’ai quitté la Syrie, j’avais 900 dollars et une valise», se souvient-elle.

Elle est née dans un pays où tout ne fut que mensonges, où des proches au travail avaient la main sur le cœur pour en masquer l’absence : «J’ai cru que j’étais la fille préférée de cette télé culturelle mais quand la répression s’est (...)

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