Parvovirus B19 : qu'est-ce que cette infection à l'origine de la mort de cinq bébés depuis le début de l'année ?

En forte recrudescence, ce virus est notamment connu pour provoquer chez les enfants la "cinquième maladie", qui se manifeste par une éruption cutanée.

L'augmentation du nombre d'infections à Parvovirus B19 préoccupe l'agence nationale de santé publique (Photo : Getty Images)

L'épidémie en cours est surveillée de très près par les autorités sanitaires. Depuis environ un an, les infections à Parvovirus B19 se multiplient en France. Bien connu du corps médical, mais relativement rare ces dernières années, ce pathogène peut toucher toutes les catégories d'âge mais est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes et les enfants en bas âge.

Ainsi, selon les données de Santé publique France, pas moins de cinq nourrissons seraient décédés depuis le début de l'année 2024, en lien avec une infection par le Parvovirus B19. Mais en quoi consiste exactement cette infection et quels sont les symptômes qui lui sont associés ?

Comme l'explique le rapport de l'agence nationale de santé publique, le Parvovirus B19 est "un virus strictement humain dont le principal mode de transmission est la voie respiratoire". "Les signes cliniques apparaissent après une incubation de 4 à 21 jours", ajoute l'organisme. Si l'infection se révèle le plus souvent asymptomatique, elle peut aussi provoquer un érythème infectieux, c'est-à-dire une maladie de peau caractérisée par une rougeur superficielle.

"Les symptômes comprennent une légère fièvre, une rougeur des joues et une éruption cutanée à contours déchiquetés sur les bras, les jambes et le tronc", décrit ainsi le manuel Merck, encyclopédie médicale de référence aux États-Unis. Particulièrement observable chez les enfants, cette version symptomatique de l'infection à Parvovirus B19 est connue sous le nom de "cinquième maladie".

"Le nom de 'cinquième maladie' est utilisé, car elle est considérée comme la cinquième dans la liste des infections virales qui provoquent fréquemment une éruption cutanée chez l’enfant, indique le manuel Merck. Les quatre premières maladies sont la rougeole, la scarlatine, la rubéole et le syndrome de la peau ébouillantée, et la roséole est la sixième maladie. On l’appelle aussi parfois 'syndrome des joues giflées'."

Comme le précise l'encyclopédie médicale américaine, l'infection à Parvovirus B19 "survient plus fréquemment au printemps, souvent sous forme d’épidémies géographiquement limitées, parmi les enfants, tout particulièrement ceux d’âge scolaire. L’infection peut survenir chez l’adulte." Dans ce cas, elle est le plus souvent bénigne, mais elle peut toutefois s'avérer dangereuse pour certaines catégories de la population.

"La primo-infection peut entraîner des manifestations sévères chez les personnes atteints d’anémie hémolytique chronique, chez des personnes immunodéprimées et chez les femmes enceintes chez qui elle peut être responsable de fausses couches et d’anasarque fœto-placentaire, énumère Santé publique France. Une myocardite ou une encéphalite peuvent parfois être observées."

L'agence confirme par ailleurs qu'une augmentation du "nombre de cas d’infections sévères" a été observée depuis la pandémie de Covid et encore plus ces derniers mois, même si "cette donnée n'a pas pu être quantifiée". Selon Santé publique France, la diffusion du virus a même atteint le stade de l'épidémie en mai 2023. Cette dernière est toujours en cours et a vu son intensité s'accroître fin 2023 et début 2024. Le pic de l'épidémie n'était d'ailleurs pas encore atteint au mois de mars.

Tous les indicateurs de l'infection à Parvovirus B19 sont ainsi en hausse, notamment le nombre des diagnostics, celui des hospitalisations et celui des décès. Santé publique France rappelle ainsi que "le nombre de décès liés à une infection à Parvovirus B 19 était en moyenne de 1,8/an en période pré-pandémique et touchait majoritairement les adultes".

"Même si ce nombre reste faible et cohérent avec la faible sévérité de l’infection, il est à surveiller car il a augmenté de façon notable depuis 2022 en lien avec la circulation plus active du virus et affecte davantage les enfants, qui constituent la totalité des 5 décès déjà enregistrés pour l’année 2024 via la certification électronique des décès, poursuit l'agence. Ces 5 décès surviennent chez des enfants âgés de moins d’un an dont 4 nouveau-nés suite à une infection congénitale."

Pour ne rien arranger, il semble particulièrement ardu d'identifier avec certitude cette maladie à partir des simples symptômes. "Le diagnostic sans test est délicat, parce que des éruptions cutanées peuvent être dues à beaucoup de virus chez les enfants, explique le médecin généraliste Michaël Rochoy dans les colonnes du Parisien. On retient souvent comme symptôme atypique les joues rouges, sauf que beaucoup d’enfants ont les joues rouges dès la moindre fièvre."

Insistant sur la nécessité de sensibiliser les professionnels de santé et le grand public, notamment les personnes à risque, sur la recrudescence de cette "cinquième maladie", Santé publique France recommande pour sa part d'évoquer une possible infection par le Parvovirus B 19 "devant un cas de rougeole non confirmé par les examens biologiques".