Sur le caca et la santé intestinale, un gastro-entérologue répond à toutes les questions qu’on n’ose pas poser

TRANSIT - À quelle fréquence faut-il aller à la selle ? Comment limiter les gaz ? Quelle position est la meilleure quand on est constipé ? Le HuffPost a posé à Jean-David Zeitoun, médecin gastro-entérologue à l’AP-HP, toutes les questions taboues que l’on se pose sur le transit.

Pour préserver leur santé intestinale, voici les aliments que ces gastro-entérologues refusent de manger

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article, Jean-David Zeitoun nous a donné des clés pour mieux comprendre et gérer notre système digestif, une partie de notre corps mystérieuse et à l’équilibre fragile.

Le HuffPost. Y a-t-il une fréquence à respecter pour aller à la selle ?

Jean-David Zeitoun. Il n’y a pas de fréquence normée, on essaye tout de même de définir des intervalles médicalement corrects, principalement par rapport au confort que cela génère pour les gens. On conseille donc d’y aller tous les jours ou tous les deux jours au minimum.

Chez quelqu’un qui n’a pas de problème de santé particulier et qui a juste une constipation fluctuante par exemple, ce n’est pas inquiétant de ne pas aller à la selle trois ou quatre jours d’affilée. C’est incommodant et perturbant psychologiquement, mais ce n’est pas menaçant.

Faut-il observer la forme et la couleur de nos selles ?

Je n’ai jamais entendu qu’il fallait le faire, d’ailleurs je ne le fais pas et je ne le conseille pas. La consistance normale des selles peut être très variable depuis des selles assez dures jusqu’à des selles assez molles. Ce n’est pas quelque chose qui, à l’état normal, est un indicateur fiable.

Parfois on sait que certains microbes causent des diarrhées plutôt vertes, des maladies du foie éclaircissent ou jaunissent la couleur des selles, mais tout cela est assez non-spécifique donc l’interprétation est hasardeuse.

Est-ce que notre alimentation peut causer une diarrhée ou une constipation ?

La constipation n’est pas due aux aliments. Le transit est parfois sensible à l’alimentation : plus on mange de fibres et plus les selles vont s’évacuer facilement et fréquemment. Mais quelqu’un qui aurait une diarrhée inhabituelle ne peut pas se dire que c’est lié à ce qu’il a mangé la veille. Si c’est le cas, c’est que c’est lié à un microbe dans l’alimentation et pas à l’alimentation elle-même.

Est-ce qu’il y a une position qui facilite la défécation ?

La technique du « squatting », c’est-à-dire une position comme on l’adopterait dans les toilettes turques avec les jambes rapprochées du tronc, est la position la plus idéale anatomiquement pour déféquer facilement. À ma connaissance, c’est la seule technique scientifiquement prouvée.

Qu’est-ce qui provoque les gaz ? Peut-on les éviter ?

Les gaz sont provoqués par l’activité de fermentation des bactéries coliques et on ne peut pas vivre sans ces bactéries, donc on ne peut pas vivre sans gaz. Il y a probablement des gens qui en ont plus que d’autres, des gens plus sensibles à qui ça fait plus mal.

Le régime « sans FODMAP » consiste à arrêter de manger plusieurs familles d’aliments, ce qui est très difficile à faire. En éliminant ces aliments, il y a moins de carburants pour les bactéries et donc elles produisent moins de gaz.

Le stress a-t-il un impact sur le transit ?

Oui, un impact qui est variable selon les personnes. Chez certains, cela provoque plutôt de la constipation, et pour d’autres c’est une cause de diarrhée qu’on dit « motrice ». Ces gens-là vont aller souvent à la selle pour faire des selles dont la consistance est dégradée mais dont l’abondance totale n’est pas forcément supérieure à ce qu’ils auraient fait en y allant une seule fois.

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