Les Kurdes irakiens élisent leur nouveau parlement régional

par Isabel Coles ERBIL, Irak (Reuters) - Les Kurdes d'Irak se rendent aux urnes ce samedi pour élire leur nouveau parlement régional alors que leur province, riche en pétrole et globalement épargnée par les violences qui ensanglantent le reste du pays, cherche à s'affranchir du pouvoir central à Bagdad. Grâce à sa stabilité, le Kurdistan est parvenu à attirer certaines des plus importantes compagnies pétrolières du monde, telles que Total ou ExxonMobil. Il est désormais sur le point d'achever la construction d'un oléoduc vers la Turquie, qui, en théorie, pourrait lui donner les moyens financiers d'une indépendance régulièrement évoquée par les autorités autonomes de la région. Une telle perspective irrite le gouvernement irakien, qui revendique le contrôle exclusif des vastes ressources pétrolières de l'ensemble du pays. "Les enjeux stratégiques sont considérables", juge Ramzy Mardini, de l'Institut irakien pour les études stratégiques, basé à Beyrouth. "Le gouvernement qui siégera à Erbil de 2013 à 2017 aura la responsabilité des décisions les plus importantes depuis un quart de siècle pour les Kurdes irakiens." La scène politique kurde est dominée par deux grandes formations, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). Elles partagent le pouvoir après s'être combattues par les armes dans les années 1990. Ces deux partis devraient conserver leur majorité parlementaire et reconduire leur alliance, ce qui ne devrait entraîner aucun changement majeur dans les politiques mises en oeuvre. Le président de la région est Massoud Barzani, chef de file du PDK, et le Premier ministre est son neveu Nechirvan Barzani, du même parti. Une formation plus jeune, Gorran (Changement), va tenter de bousculer l'ordre établi après avoir déjà ébranlé l'UPK, dont elle est issue, lors des précédentes élections en 2009. L'opposition accuse le pouvoir de corruption, de dérive autoritaire et de manque de transparence, notamment en ce qui concerne les revenus tirés du pétrole. L'UPK a été un peu plus fragilisée en décembre dernier avec l'hospitalisation à l'étranger de son chef de file, Djalal Talabani, également président de l'Irak, après une attaque cardiaque. "Tant que le PDK et l'UPK obtiennent de bons résultats aux élections et que leur alliance reste solide, le statu quo devrait persister dans un avenir proche", a dit une source au sein de l'exécutif régional. "L'opposition a représenté une menace (...) pendant un certain temps mais elle ne s'est pas avérée être une menace très sérieuse." Bertrand Boucey pour le service français