François Hollande propose un "pacte" aux entreprises pour 2014

par Julien Ponthus PARIS (Reuters) - François Hollande a annoncé mardi qu'il proposerait aux entreprises en 2014 un "pacte de responsabilité" qui consistera à leur offrir des réductions de charges et une simplification administrative contre des embauches et plus de dialogue social. Le président a précisé avoir pris cette initiative afin de favoriser la mobilisation du secteur privé dans la "bataille" contre le chômage, érigée en priorité de son quinquennat. "Je propose un pacte de responsabilité aux entreprises. Il est fondé sur un principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en même temps, une contrepartie, plus d'embauches et plus de dialogue social", a dit le président lors de ses voeux pour 2014. Ce pacte évoque l'une des principales pistes de la remise à plat de la fiscalité lancée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et qui consiste à transférer les cotisations patronales pour la branche famille de la Sécurité sociale sur l'impôt, afin d'alléger le coût du travail. François Hollande a vanté la méthode de dialogue social mise en oeuvre par son gouvernement et qui a permis d'aboutir à une réforme du marché du travail début 2013 et à un accord sur la formation professionnelle à la fin de l'année. "Je veux traduire le plus vite possible cette réforme dans la réalité", a dit le président, précisant qu'une loi serait votée début 2014 pour mettre en place la réforme de la formation professionnelle. Accusé de "déni de réalité" par l'opposition pour avoir revendiqué l'inversion de la courbe du chômage, après la hausse du mois de novembre, le chef de l'Etat a estimé que sa politique commençait bel et bien à porter ses fruits. "LES RÉSULTATS SONT LÀ" "Les résultats sont forcément longs à apparaître mais ils sont là", a dit François Hollande pour qui "le chômage est resté à un niveau encore élevé, même si la tendance de ces derniers mois s'améliore". Le président a promis d'autres "décisions fortes" en 2014, notamment sur le front de la dépense publique, afin de soulager le contribuable français pour lequel "les impôts sont devenus lourds, trop lourds, à force de s'accumuler depuis de nombreuses années". "Nous devons dépenser moins pour réduire notre déficit mais aussi pour pouvoir, à terme, baisser les impôts", a dit François Hollande qui a ajouté que cet effort serait partagé par l'Etat, les collectivités locales et la Sécurité sociale. Pour l'opposition, les promesses de réformes du président s'apparentent à des voeux pieux. "Malheureusement, le président de la République a tenu les mêmes propos que le 31 décembre 2012, pourtant le chômage est cette année à un niveau historique, la crise du logement et du bâtiment ont atteint un niveau inégalé depuis 30 ans", a réagi le centriste Jean-Louis Borloo dans un communiqué. "Son nouveau pacte de responsabilité n'est qu'une formule dont il a le secret. Celle-ci subira sans nul doute le même sort que la formule du choc de simplification", estime encore l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy dont l'analyse est partagée par Eric Woerth. MISE EN GARDE CONTRE LE VOTE FN "Ce qu'il dit pour 2014, c'est déjà en partie ce qu'il avait dit pour 2013 sur le chômage, sur la simplification", a commenté sur BFM TV l'ancien ministre UMP du Budget. "Pour réduire les dépenses publiques, il faut faire des réformes structurelles et il ne suffit pas de les décréter", a-t-il estimé. Affaibli par 18 mois de couacs sur fond d'impopularité record, le tandem formé par François Hollande et Jean-Marc Ayrault aborde la nouvelle année avec le risque d'être sévèrement sanctionné aux élections municipales en mars puis aux européennes en mai. Avec une croissance attendue à environ 1% en 2014, soit un niveau jugé insuffisant pour des créations nettes d'emplois dans le secteur privé, les promesses du président sur le chômage constituent une bombe électorale à retardement dont pourrait bénéficier le Front national, estiment des analystes. François Hollande a mis en garde les électeurs contre le vote FN ou pour des partis qui militent pour une sortie de la France de la zone euro. "Ce n'est pas en défaisant l'Europe que l'on fera la France de demain", a dit le chef de l'Etat, promettant des initiatives avec l'Allemagne dès le printemps pour relancer la construction européenne. "Le président feint d'ignorer les problèmes essentiels que pose notre asservissement à l'Union européenne et à l'Allemagne", a réagi dans un communiqué la présidente du FN, Marine Le Pen.