Les racines chrétiennes de l’Europe

C'est le Président Sarkozy qui en parlait à la tribune d'une convention de l'UMP en 2008 : « Il suffit de survoler la France pour voir ce long manteau d'églises. Dire qu'en Europe, il y a des racines chrétiennes, c'est tout simplement faire preuve de bon sens. » .

C'est beau la France vue du ciel. Mais quand on redescend sur terre, la plupart des églises sont vides. Sauf les plus belles, où se promènent les touristes. Le seul moment où elles se remplissent de fidèles, c'est pour l'anniversaire du petit Jésus. Les Catholiques d'aujourd'hui, ce sont les Français qui vont à la messe de Noël avant d'ouvrir les cadeaux. Tous les ans, le prêtre leur rappelle comment est né Jésus. Comme beaucoup d'histoires juives, elle est très amusante.

Rappel des faits

Pour faire une blague à ses enfants, Dieu se manifeste sur Terre par surprise. À part Marie, Joseph et les Rois Mages, personne n'est au courant qu'Il a décidé de s'incarner. Évidemment, s'Il avait prévenu, tous les faux-culs du coin auraient rappliqué en Lui déroulant le tapis rouge pour se faire bien voir. C'est ça la blague.

Dieu arrive donc sur Terre, mais comme Il ne porte pas son auréole, ses enfants ne le reconnaissent pas. Ils étaient prêts à s'agenouiller devant un barbu effrayant, mais pas devant un bébé qui pleure. Résultat, ils lui claquent la porte au nez et le laissent dormir dans la rue. Avec le petit Jésus emmailloté sur les bras, Joseph et Marie étaient un peu comme des Roumains. Des tas de passants ont détourné le regard, sauf les Rois Mages qui leur ont fait l'aumône d'un peu de myrrhe et d'encens. C'est pas marrant comme histoire ?

Pour ceux qui n'ont pas le sens de l'humour, Jésus l'a dit très sérieusement : le mal que tu fais à un plus faible que toi, c'est à moi que tu le fais.

Est-ce que Dieu a de l'humour ?

En tout cas, Louis de Funès croyait en Dieu. Un soir, au "Grand Échiquier", Jacques Chancel lui faisait remarquer que Jésus ne souriait jamais. Mais de Funès n'était pas de cet avis. Il trouvait dans certaines scènes des Évangiles une source de comédie. Par exemple, quand Jésus marche sur l'eau. Au départ, selon de Funès, les disciples dans la barque ont une sacrée frousse. Alors pour les rassurer, Jésus leur fait un bon sourire, et il dit à Pierre, le plus courageux : « Vas-y, c'est facile ! Essaie toi aussi… »

Pierre ne veut pas se dégonfler devant les copains. Alors il met un pied dans l'eau, et puis, il met deux pieds dans l'eau… Et là, surprise ! Il ne s'enfonce pas. Dans la barque, l'émerveillement chasse la peur. Pierre fait alors quelques pas sur l'eau vers Jésus, puis, débordant de fierté, ils se retourne vers ses copains pour leur adresser un sourire de triomphe. Et là, plouf ! D'un coup, le pauvre Pierre se retrouve à se débattre dans l'eau tandis que dans la barque, tous ses copains sont morts de rire.

Dans un préambule de son "Tartuffe", Molière affirme que le devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant. Peut-être que ce jour-là, les disciples ont pris une bonne leçon ?

"Jésus, reviens, Jéh-ééésus reviens..."

Et si Jésus revenait ? S'il répondait enfin au fervent appel du père Auberger dans « La vie est un long fleuve tranquille » ? Est-ce que ça ne créerait pas des situations de comédie ?

Selon les Évangiles, Jésus n'avait pas de maison : il était constamment sur la route pour prêcher la bonne parole. Quand il envoie ses apôtres en mission, il leur prescrit de n'emporter ni pain, ni pièces de monnaie, ni même une tunique de rechange.

Dans les campagnes françaises dont les petites églises sont si belles vues du ciel, ça ne marcherait pas forcément.

« - Allô la gendarmerie ? (...) Oui, c'est pour vous signaler deux SDF en sandales qui font la manche devant l'Église. Ils accostent les honnêtes gens en expliquant que c'est Jésus qui les envoie. Ça m'étonnerait, parce qu'ils ne sentent pas très bon (…) Allô ? Vous pouvez envoyer quelqu'un ? »

Certes, l'Europe a des racines chrétiennes, mais elles sont enfouies bien loin. Si un soir, Jésus réapparaissait Gare du Nord pour prêcher la bonne parole, il ne serait pas forcément bien reçu. « Contrôle d'identité, vous avez vos papiers ? »

Vous me direz, un gars qui n'a pas de logement, pas d'argent et qui raconte qu'il est venu sauver le monde, les flics ont l'habitude. Le problème, c'est qu'avec sa barbe, ses sandales et sa tunique flottante, ça peut prêter à confusion. Un barbu en djellaba qui parle de Dieu toutes les deux phrases, de nos jours, c'est pas forcément un Chrétien. Surtout si comme Jésus, il est né en Palestine.

Jésus est juif, ce sont les Chrétiens qui croient en lui mais s'il revenait, on le prendrait pour un musulman. C'est pas la preuve que Dieu a de l'humour ?

Et cette fois, comment ça finirait ?

Jésus a la réputation d'être plutôt cool. Pas facile de s'embrouiller avec lui. À l'époque de son passage sur Terre, tu lui filais une claque, ben au lieu de se vexer, il tendait l'autre joue. N'empêche, il y a quand même des trucs qui l'énervaient. Après tout, tel Père, tel Fils ! Le Vieux était déjà réputé pour son mauvais caractère, normal que le Fiston ne soit pas toujours commode. Dans les biographies que lui ont consacré ses proches, on apprend que ça lui arrivait de se fâcher.

Un jour, il était tellement énervé qu'il a même vandalisé plusieurs boutiques à la galerie commerciale du Temple de Jérusalem. Ce qui lui a fait péter les plombs, c'est que des marchands se fassent du pognon sur le dos de son Père. Ses copains racontent que ce jour-là, il a renversé les tables des marchands en faisant valdinguer leur fric.

Si Jésus revenait, il finirait vite au commissariat. Et là, qu'est-ce qu'on ferait de lui ? Envoyer un prophète en taule, ça c'est déjà vu. Jacques Audiard a d'ailleurs fait un très bon film sur le sujet. Mais comme Jésus n'est pas Français, le plus vraisemblable, c'est qu'on décide de l'expulser. On le renverrait d'où il vient, c'est-à-dire à Bethléem, une ville aujourd'hui située en territoire palestinien. Alors, les racines chrétiennes de l'Europe ?

Joyeux Noël !

À l'UMP, on a l'air d'y croire. D'ailleurs, Claude Guéant a écrit une petite lettre aux Catholiques de France pour l'anniversaire de Jésus. Dans ce courrier adressé à l'Archevêque de Paris, il rappelle la dimension spirituelle de Noël. Pour 2012, il forme le « voeu que l'année apporte à tous, avec l'espoir du Salut, un monde plus fraternel et plus juste »... Et vous trouvez ça drôle ?