Affaire DSK: la tentation du diagnostic raciste

«Ce monsieur croyait se trouver dans un hôtel en Afrique francophone où on a l'habitude d'exploiter les petites filles et femmes d'autrui sexuellement sans aucun souci. Je me réjouis de son arrestation parce que cela servira de mise en garde aux autres Français.» Cette intervention d'un internaute, sur le forum d'un portail ouest-africain, est pour le moins crue. Mais elle l'est bien moins que tant d'autres. Dura lex, sed lex. Et sexe leste, dura lex. Pudibonde, l'opinion africaine, à défaut d'être souvent relayée par des procédures judiciaires, est implacable quand il s'agit d'affaires de moeurs. Et le fait divers new-yorkais du samedi 14 mai 2011 prend une dimension inattendue. La présumée victime est Guinéenne et le présumé coupable -Dominique Strauss-Kahn- est ressortissant de l'Etat qui assujettit la Guinée Conakry sous la colonisation. La même Guinée dont le président Sékou Touréfut le héraut de la résistance aux propositions de communauté du général de Gaulle. La couleur et/ou l'origine de cette femme de ménage sont-elles réellement des fils dans l'écheveau qui étrangle aujourd'hui Dominique Strauss-Kahn? Sans doute l'opinion africaine aurait-elle tort de se priver de cette argumentation quand certains politiciens français s'en saisissent eux-mêmes sans vergogne. Le 17 mai, le député Lionnel Luca -du collectif Droite populaire- évoquait«l'occasion de défendre une femme (...) issue de la diversité»... Faire de cette présumée agression l'incarnation définitive de l'humiliation du noir par le blanc peut conduire plus loin. Les extrapolations ne finissent pas de fleurir, notamment au sein de la communauté guinéenne des Etats-Unis. Par un procédé métonymique, monsieur Strauss-Kahn devient le Fonds monétaire international (FMI) condescendant et mademoiselle Diallo l'Afrique martyrisée. Imbu de lui-même, le grand financier international se serait senti légitime à mettre à genoux sa (...) Lire la suite sur Slate.fr